Un virage country pour ses 20 ans de carrière

Face à face avec Brown Woods
Crédit photo: Steven Grondin

L’artiste multidisciplinaire Brown Woods était de passage à Québec afin de présenter le tout premier extrait country pop de son projet, “Fine Wine (Here to Stay)”, une nouvelle facette artistique qu’il prend plaisir à nous faire découvrir. C’est avec un café à la main, dans le décor du restaurant Il Teatro, que l’on prend le temps d’échanger sur son parcours, ses ambitions et les réflexions qu’il a accumulées au fil du temps.

On l’a d’abord connu dans le groupe canadien The New Cities, une expérience qu’il conserve précieusement en mémoire. “C’est l’histoire d’une gang de chums. J’étais un bassiste. Les bands venaient me chercher parce que c’était ma passion et je jouais, ici et là”, dit-il. Le groupe a notamment obtenu une nomination aux Junos en 2009 et une nomination à l’ADISQ dans la catégorie “album anglophone de l’année”. C’est sous l’étiquette Sony Music Canada, à Toronto, que les musiciens connaîtront un véritable succès. “On a mis toutes nos économies dans le projet. Notre but était d’acheter une vanne et de partir en tournée!”, souligne-t-il en riant. La chimie entre eux était évidente. Le groupe a connu un creux de vague en 2008, avant de se voir proposer un contrat de disque. La chanson “Dead End Countdown” a d’ailleurs connu un solide succès radiophonique.

Multidisciplinaire

Brown Woods ne s’en cache pas, il a besoin que les choses avancent très vite autour de lui. On le verra donc jongler avec plusieurs projets en même temps, constamment. “Si ça ne va pas assez vite quelque part, je sais que je peux m’exprimer ailleurs. J’ai un déficit d’attention et, en tant qu’adulte, je réalise qu’il me faut plusieurs projets en même temps. Il faut que je sois stimulé pour me sortir la tête de l’eau. Je comprends que c’est plus “rough” pour mon entourage!”, lance-t-il. L’artiste – qui s’exprime aussi en art visuel – vient d’ailleurs de signer une entente avec une galerie de Trois-Rivières.

L’auteur-compositeur-interprète a fait paraître deux chansons sous le nom “David Brown” avant de se réorienter. “Avec le côté francophone de ma voix, on dirait que je m’y retrouvais moins. Je sentais que c’était le bon moment pour ramener mon écriture en anglais”, dit-il. Cette fois, c’est dans le country pop qu’il veut plonger… et pour de bon. L’artiste de 40 ans ne souhaite qu’une chose : rester maître à bord. “Je veux prendre le temps de bien faire les choses. Je le fais à mon rythme et sans compromis. Que ce soit parfait ou non, peu importe. Je pense que j’ai juste le goût de faire ce qui se passe dans ma tête.

Le country

Ce nouveau son n’est pas arrivé par hasard. “Ça fait environ cinq ans que j’écoute énormément de country. Ce qui me donne de l’énergie dans ma vie, en ce moment, c’est ça. Je mets une playlist country dans mon auto et j’adore ça. Je suis un gars de “hook”, c’est un style qui colle à moi”, souligne le père de trois enfants. “Dans le country, je trouve que tout le monde est un peu similaire. De pousser le visuel plus “artsy”, c’est un “trip” qui me ressemble beaucoup. Je veux m’amuser.” C’est ce qui l’a motivé à écrire à son ami Fred St-Gelais, réalisateur et auteur-compositeur de renom, pour lui proposer des maquettes. La réponse fut instantanée. “C’est un gars qui, je pense, a compris la musique. C’est un gars tellement intelligent! C’est différent de ce qu’il avait déjà fait, mais il a tout compris et très rapidement. Nos échanges étaient super “friendly” dès le départ”, ajoute Brown Woods. Il souhaitait faire quelque chose de nouveau, qui le sortait de sa zone, mais tout en suivant son instinct. 

Le regard de l’autre

L’accueil de ses pairs et du public, à la sortie de ce premier extrait, est ce qui le rend quelque peu anxieux. “Le regard de l’autre a toujours eu de l’impact sur moi. Ce nouveau personnage est ma manière de me laisser encore plus aller”, soulignant qu’il ne contrôle pas la réaction du public. “Tu veux que ça fonctionne et que les gens aiment ça. De voir, pour le moment, à quel point je suis bien accueilli, ça me fait super plaisir.

Les chiffres varient d’une source à l’autre, mais les plateformes voient apparaître une moyenne de 100 000 nouvelles chansons par jour. Avec un extrait en anglais, les radios seront-elles au rendez-vous? “Je suis convaincu qu’on peut bâtir quelque chose aujourd’hui sans être sur les ondes des radios traditionnelles”, dit-il. Brown Woods veut interpeller le public avec des thématiques qui tournent moins autour de l’alcool et de la fête, des thèmes précieux dans l’univers du country. La paternité l’inspire et il a tout autant envie de partager des messages d’espoir pour inspirer les autres à son tour. Ses 20 ans de carrière et son vécu l’amènent d’ailleurs à aborder ce projet différemment, sans trop d’attentes.

L’esprit de gang lui manque-t-il? “Est-ce que je m’ennuie de l’énergie et de ce “trip” qu’on a vécu? Définitivement. C’était presque un rêve”, confie l’artiste pour qui l’art a toujours été une manière de s’exprimer, depuis le plus jeune âge. Aujourd’hui, il veut envoyer un message clair à ses enfants : si tu as des rêves, fonce pour les attraper. “J’ai l’impression que je fais ça pour les inspirer. Qu’est-ce que je vais laisser à mes enfants? Quelle image est-ce que je veux qu’ils aient de moi? Peu importe ton rêve, j’aimerais leur dire qu’ils peuvent le faire”, dit-il. L’artiste offre d’ailleurs des ateliers d’écriture dans une école de Dorval, un rôle qu’il endosse avec beaucoup de fierté.

Faire rêver les jeunes

Comme artiste, je me suis toujours senti différent. Si je peux servir de guide pour les jeunes, ça contribue à guérir l’enfant en moi”, conclut Brown Woods, les larmes aux yeux. Le EP de son nouveau projet devrait voir le jour au cours de l’été. “J’ai retrouvé un macaron que j’avais fait quand j’étais enfant, à l’école. Je l’ai apporté avec moi aujourd’hui pour ma tournée d’entrevues. J’aimerais dire à l’enfant que j’étais : “You’re gonna be OK”, conclut-il. L’auteur-compositeur-interprète revient à l’essence même de son métier : exprimer le meilleur de lui-même et inspirer celles et ceux qui croiseront sa route. 

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