Avec Le bézoard, dévoile aux éditions Québec Amérique, Pascale Montpetit signe une entrée littéraire aussi audacieuse qu’émouvante, transformant ce qui pourrait n’être qu’un récit de souffrance en une œuvre profondément humaine, riche en sens et en résonance. Connue du grand public pour sa carrière prolifique au théâtre, à la télévision et au cinéma, l’autrice livre ici un texte d’une honnêteté rare, où se conjuguent plume élégante, humour pince-sans-rire et introspection courageuse.
Le livre s’articule autour d’une enquête intérieure, menée avec la rigueur d’une détective littéraire : Montpetit part de sa propre gorge, territoire symbolique de la voix, de la parole et du silence, pour remonter aux sources de trois épisodes majeurs qui ont marqué sa vie : l’inceste dans l’enfance, la boulimie et le cancer. La métaphore du bézoard, soit cette accumulation indésirable dans l’organisme, devient une puissante figure de ce que le corps et l’esprit retiennent de ce qui n’a pas été digéré, ni en soi ni socialement.
Un récit qui résonne
Ce qui frappe d’emblée, c’est la mise en prose d’un vécu extrême avec une maîtrise narrative étonnante. Pascale Montpetit ne se contente pas de confesser : elle explore, lie, questionne et surtout transforme ses cicatrices en matière littéraire. Le lecteur est invité à suivre une trajectoire qui va de l’oppression à la libération, avec cette conviction implicite que le chemin vers la compréhension de soi est une forme de travail de leadership intime⁚ comprendre ses blessures pour mieux comprendre le monde.
Ce récit est loin d’être un simple journal de douleurs. Il déploie une écriture vivante et imagée, parfois teintée d’un humour surprenant, qui vient alléger les zones les plus sombres. Cette légèreté n’est pas une faiblesse, mais bien une stratégie narrative qui permet de relier ce qui est personnel à ce qui est universel : ceux et celles qui ont traversé leurs propres bézoards savent combien la force de vie peut surgir de l’effort de nommer ce qui était indicible.
L’autofiction
On admire également la lucidité de Montpetit : loin de se complaire dans la victimisation, elle articule ses expériences avec une clairvoyance qui invite à penser les rapports familiaux, les mécanismes de défense du psychisme et la façon dont les traumatismes s’inscrivent dans le corps. Cette capacité à mettre en relation souffrance personnelle et compréhension humaine plus large est un marqueur d’intelligence émotionnelle et sociale rare dans la littérature autobiographique contemporaine.
Dans un paysage littéraire québécois où l’autofiction et les récits de vie ont gagné une place centrale, Le bézoard se distingue par sa profondeur, sa sensibilité et son écriture soignée. Il ne se contente pas de raconter une vie : il invite à réfléchir sur les liens invisibles entre mémoire, corps et langage et sur la manière dont l’écriture peut devenir une forme de résilience active.
En somme, Pascale Montpetit signe ici une œuvre forte, nécessaire et profondément humaine. Le bézoard est un livre qui marque, non seulement par la véracité de son propos, mais aussi par la qualité littéraire et la sagesse qu’il dégage. Une œuvre à lire, à méditer et à recommander, non seulement pour ceux qui s’intéressent aux grandes voix de la littérature québécoise, mais pour toute personne en quête de compréhension de soi.
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