Une entrevue avec Michaël Grégoire
Un dimanche après-midi, le soleil est là et je suis attendu pour un verre en compagnie du groupe The Wild Palominos à la Microbrasserie Côte-du-Sud, à Montmagny. Le temps d’un roadtrip de fin de semaine au son de leur plus récent album. La route paraît pas mal moins longue quand la musique est bonne!
L’endroit est magnifique, une microbrasserie qui vaut définitivement le détour. Jérémy Boulet (guitariste) et Félix Guimond (chanteur) sont attablés et m’indiquent leurs “coups de coeur” brassicoles. La table est mise pour un bel après-midi. “Ce sont dix chansons qui amènent une touche toute spéciale pour nous. Pendant le premier EP, nous voulions apporter notre son néo-traditionnel et, cette fois, on vient réaffirmer l’étendue de la sonorité qu’on peut aller chercher”, débute Jérémy, reconnaissant que j’aie fait la route jusqu’à eux. “Un petit peu plus festif aussi. On retrouve des chansons qui nous rappellent le premier album et d’autres qu’on a vraiment hâte de jouer sur scène”, ajoute Félix.
La rencontre
L’histoire s’est dessinée tout simplement, sur le coin d’un bar, à cette même microbrasserie. “On travaillait tous les trois à la Microbrasserie Côte-du-Sud et nous avons commencé à parler de musique. Olivier a proposé qu’on se réunisse, il a apporté sa batterie et ça s’est fait tout seul. On s’entendait super bien sur le style de country qu’on aimait”, mentionne le chanteur. Au sein du groupe, Olivier Tanguay est responsable de la direction technique et musicale. Ce dernier possède une formation universitaire en musique.
Avec simplicité, le groupe The Wild Palominos était en train de se dessiner. “Notre groupe fétiche est Wildlands, un “band” du Texas. Ils ont fait un spectacle “live” au Palomino Club, un ancien bar honky tonk près de Las Vegas et on a trouvé le nom tellement beau. On s’est dit qu’on ne pouvait pas être seulement les “Palominos”, donc “Wild” prenait tout son sens”, dit Félix Guimond. Le groupe veut se démarquer par un son nettement plus traditionnel que ce qui s’entend à la radio ces dernières années.
Faire ses affaires
L’un travaille pour le diffuseur de spectacles local et l’autre est représentant sur la route. C’est dans la musique qu’ils se retrouvent. L’extrait “Glaze of Glory”, leur deuxième sortie, en est le thème. “Cette chanson parle de toute la journée qu’on fait! C’est l’histoire de musiciens qui vont se perdre sur la route pour retrouver le droit chemin”, mentionne Jérémy Boulet. Oui, de la route, mais surtout beaucoup d’évasion et de liberté. “On met nos chapeaux d’artistes, mais on est capables de prendre nos casquettes d’entrepreneurs”, ajoute-t-il, alors qu’ils s’occupent eux-mêmes de l’administration de leurs affaires.
Vivre à Montmagny, pour deux d’entre eux, est un choix qui peut également sembler contre-intuitif. Pourtant, ils en sont très fiers. “J’ai deux enfants et bientôt trois. Avec les petits, ma conjointe et la garderie qu’on a déjà, on n’a pas l’intention de bouger! Je pense que même nos blondes seraient d’accord pour déménager, mais nous n’en sommes pas là pour l’instant”, dit Félix, visiblement fier de son coin de pays. Le groupe a d’ailleurs organisé un lancement à Montmagny et ce fut un succès. “Les gens étaient réceptifs, il y avait beaucoup de curieux! Juste de leur montrer le chemin qu’on a fait depuis le premier album, ça a fonctionné”, ajoute l’artiste.
Le son de ce nouvel album est effectivement plus rock, plus assumé. Le chanteur ne cache pas son évolution au cours des dernières années. “J’ai eu trente ans! (rires) Je pense que le premier EP a été enregistré à distance, pendant la pandémie. Il y avait quelque chose de plus compliqué. Là on s’est retrouvé à s’enfermer pendant une semaine en studio, nous étions sept dans un chalet. C’était littéralement une retraite fermée”, dit-il.
L’album a été enregistré au Studio Wild, à St-Zénon, propriété de Pierre Rémillard. Tous les musiciens et les collaborateurs se sont réunis dans ce studio en bord de lac, en pleine nature. “On a une belle chimie ensemble et on avait envie de faire confiance à ça! Je pense que c’est cette ambiance qu’on entend sur l’album. Tout le monde contribuait directement et on recommençait jusqu’à ce que ce soit la bonne prise”, lance Jérémy. Cette recherche de la perfection s’entend sur l’album. “Je pense que les musiciens ont bien compris ce qu’on cherchait comme son. Les Wild Palominos, ce sont aussi nos musiciens. C’est important de le mentionner”, ajoute Félix, nettement influencé par le Texas Country.
Est-ce justement cette énergie qui les pousse à faire la route, pratiquement chaque semaine, vers la métropole? “On a vraiment envie de faire ça de notre vie. Il n’y a pas un aller-retour à Montréal qu’on ne va pas faire, si on doit le faire! Parfois, la route nous décourage un peu, mais c’est important d’être présents et on le sait”, dit-il. Ce sentiment est partagé par son voisin d’en face. “On n’a pas tous les moyens de se rendre où l’on veut aller. Il faut donc travailler plus fort pour aller chercher un “fan” à la fois”, ajoute Jérémy.
La “famille” country
Dès leur arrivée dans le milieu country québécois, The Wild Palominos se sont sentis accueillis et respectés. Un sentiment partagé de plusieurs artistes envers leur “famille” country. “On s’aime pour vrai! Mais c’est surtout facile avec l’ambiance dans l’agence Ranch, notre équipe aux relations de presse. Tous les artistes qu’ils représentent sont comme nous autres. C’est difficile de percer dans ce milieu et il faut s’aider”, mentionne Jérémy Boulet. “C’est un style qui a peut-être déjà été délaissé pendant plusieurs années, là ça revient, et je pense qu’il faut s’entraider pour rester là”, ajoute Félix Guimond. Et cette chaleur humaine, elle vient d’où? Est-ce simplement l’amour de la musique et l’envie de le partager? “Les gens qui font du country viennent souvent de la région! Sans rien enlever aux autres, ce sont peut-être des gens un peu plus chaleureux”, conclut le chanteur.
Les plaisirs d’une autre époque
C’est ce que mentionne le communiqué de presse présentant leur plus récent album. “Je ne suis pas né dans la bonne époque! J’aurais voulu vivre dans les années 60, comme dans notre chanson “Milkshake for two”, mentionne Félix, rêvant déjà à retourner en studio.
Le groupe a récemment eu la chance de se rendre à Nashville et, pour eux aussi, ce fut le coup de cœur. “Quand on est allé ensemble, c’est la première fois que je me sentais à la maison dans une ville où je ne suis jamais allé. C’est spécial, j’ai beaucoup aimé ça!”, souligne le guitariste. Le 15 septembre dernier, le groupe s’est également rendu aux CCMAs, à Edmonton, le temps d’une prestation dans un bar. L’accueil reçu leur a donné beaucoup d’énergie. “Le “timing” était super bon! Ça nous a donné une belle tape dans le dos, juste avant le lancement de l’album”, dit Félix.
Et des rêves, les artistes n’en manquent pas! Peut-être une prochaine collaboration? “On avait le rêve de collaborer avec Andie Thério et ça s’est réalisé! Elle est super chaleureuse et on l’adore”, dit Jérémy Boulet. “Collaborer avec Matt Lang, ce serait un rêve! Ce gars a tracé le chemin du country québécois, ça nous inspire!”, ajoute Félix Guimond. L’invitation est lancée!
Découvrez The Wild Palominos en visitant leur site web officiel.