Derrière ses compositions feutrées se cache un artiste à la fois rigoureux et profondément humain. Christian Bernard, pianiste et compositeur néo-classique, revient avec Traverser l’orage, un deuxième album empreint de mélancolie et de lumière.
« J’avais encore beaucoup à dire, beaucoup à jouer », confie-t-il d’emblée. Après Black Lotus, son premier album, Christian Bernard se sentait à la fois comblé et inachevé. Les idées se sont mises à affluer dès la fin du processus de lancement. « Je voulais assez de matériel pour pouvoir offrir un vrai spectacle, pas juste une demi-heure de musique. »
Traverser le deuil et les doutes
Traverser l’orage n’est pas une simple suite : c’est le récit d’une période de bouleversements personnels. L’artiste y explore le deuil, le doute et la reconstruction. « Je ne dirais pas que c’était une descente aux enfers, mais disons une tempête émotionnelle », admet-il. De cette période est né un album plus incarné, plus viscéral. « J’ai eu la chance d’avoir le piano comme allié. C’est là que j’ai pu canaliser tout ce que je vivais », dit-il.
Composer dans l’entre-deux
Son processus créatif est aussi singulier qu’instinctif. « La plupart de mes idées naissent le matin, entre le sommeil et l’éveil. » Dans cet état semi-conscient, les mélodies s’imposent à lui comme des fragments venus d’ailleurs : « C’est un peu comme si je jouais avant même d’avoir les yeux ouverts. » Ce rituel quotidien, presque méditatif, lui permet d’accéder à une zone de création pure, dénuée de calcul. « C’est 80 % des deux albums qui sont nés comme ça, à ce moment précis de flottement. » Une forme de transe tranquille, entre discipline et lâcher-prise.
Perfectionniste assumé, l’artiste admet toutefois savoir mettre un point final. « Je me donne des deadlines, sinon je ne finirais jamais. » Traverser l’orage compte treize pièces soigneusement choisies parmi une vingtaine : « Certaines reviendront peut-être un jour. D’autres devaient rester dans le tiroir. »

Du rock à la mélancolie
Avant le piano, il y avait la guitare, la scène et le rock. « J’ai longtemps joué dans un groupe, mais je sentais que je forçais quelque chose. » La découverte du piano, un peu par hasard, change tout : « Je me suis retrouvé seul dans le bois, chez un ami. Il y avait un piano… et j’ai su que c’était ça. » Son rapport à la musique classique s’est ensuite imposé naturellement. Influencé autant par la période romantique que par le courant néo-classique contemporain, avec les Ludovico Einaudi, Max Richter ou Ólafur Arnalds, il navigue entre l’intimité et la modernité. « Je voulais un album noir et blanc, à mon image : simple, introspectif, un peu mélancolique. »
Une musique sans frontières
Traverser l’orage a également donné lieu à plusieurs collaborations à l’international. Le pianiste évoque avec enthousiasme ses échanges avec des artistes européens et asiatiques. « La musique instrumentale se vit différemment ailleurs. Il y a une ouverture incroyable, surtout en Europe. »
Pour la suite, Christian Bernard se concentre sur la scène. Après avoir présenté ses nouvelles pièces en concert, il prépare une tournée intimiste. « Je ne sais pas encore à quoi ça ressemblera, mais j’ai envie que ce soit sincère, organique. » S’il admet être d’un naturel réservé, la scène est pour lui une extension de la création. « C’est un peu paradoxal, parce que je suis introverti, mais jouer en public me ramène à ce qu’il y a de plus vrai. »
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