Les métiers d’art du Québec

Face à face avec Mariouche Gagné, directrice générale du Conseil des métiers d’art du Québec
Mariouche Gagné, directrice générale du Conseil des métiers d’art du Québec

Vous l’aviez noté, n’est-ce pas ?

Le Salon des métiers d’art bat son plein du 11 au 21 décembre 2025 pour sa 69ᵉ édition, réunissant au Palais des congrès de Montréal plus de 200 artisanes et artisans venus présenter leurs créations. Rendez-vous chéri des Québécois en quête de cadeaux — et de beau —, cet incontournable du temps des Fêtes est aussi l’occasion de découvrir un univers fascinant où technique, talent et savoir-faire se rencontrent.

Mais que savons-nous réellement de ces porte-étendards de la culture québécoise que sont les métiers d’art ? À Paris, haut lieu des métiers d’art, nous avons rencontré Mariouche Gagné, nouvelle directrice générale du Conseil des métiers d’art du Québec et ardente défenseure des artisanes et artisans d’ici, afin de prendre le pouls d’un secteur phare qui rassemble plus de soixante disciplines et fait battre le cœur de notre économie locale.

Nathalie Lesage, journaliste / Mariouche Gagné

« Bonjour Mariouche ! J’ai l’impression que tu es connue comme le loup blanc, mais saurais-tu te présenter ? »

« Je m’appelle Mariouche Gagné. Je suis éco-créatrice et éco-entrepreneure, même si c’est toujours difficile de n’entrer que dans une seule case. Depuis 1994, je fais du luxe écologique : je recycle les héritages de fourrures, les robes de mariée, les cachemires, autant québécois qu’internationaux. Je travaille sous ma marque Harricana, et collabore maintenant aussi avec Canadian Hat 1918, une maison de chapellerie historique dont je suis partenaire. Et depuis peu, j’ai l’honneur d’être directrice générale du Conseil des métiers d’art du Québec. »


Nous nous rencontrons à Paris, en France, haut lieu des métiers d’art où l’on compte plus de 200 disciplines.

« Selon toi, quelle est notre appréciation de nos métiers d’art, au Québec ? »

« Je crois que les Québécois connaissent surtout cette superbe occasion qu’est le Salon des métiers d’art, où l’on trouve des œuvres d’exception, presque artistiques, mais faites avec les mains et le cœur. Parce que c’est ça, les métiers d’art : des gestes, des savoir-faire, des années d’apprentissage.

En France, on apprend souvent auprès de maîtres pendant des années, en ébénisterie ou en marqueterie, par exemple. Au Québec aussi, nous avons de grandes écoles et des artisans formés partout dans le monde… mais c’est moins connu. Et j’aimerais faire changer ça.

On connaît déjà très bien nos chefs : il est temps qu’on connaisse mieux nos artisans. Nous avons tellement de pépites au Québec — des créations qui relèvent de l’art, mais faites par des artisans. De l’artisanat québécois. »


« Quelles sont nos grandes forces au Québec ? »

« La créativité, l’audace et l’ingéniosité, sans aucun doute.
Il y a aussi un développement important du côté de la préservation du patrimoine, comme les églises, où les artisans — les ébénistes, les forgerons — ont désormais accès aux chantiers grâce au travail du Conseil des métiers d’art : ce sont souvent les seuls capables de restaurer la pierre, les plâtres, le métal.
Leur rôle est essentiel. »


« Tu as eu mille vies : entrepreneure, créatrice, pionnière de la mode écoresponsable. Que souhaites-tu apporter au Conseil des métiers d’art, dont tu es la première femme directrice générale ? »

« Il y a d’énormes projets sur la table, et l’un des plus importants est la Cité des métiers d’art. Ce projet touche tout un secteur de Montréal — celui près du Costco, que tout le monde connaît — où se trouvent déjà l’École de verre et les anciennes forges.
L’idée ? Créer un véritable pôle : un lieu où cohabiteraient écoles, ateliers, fab labs et espaces de diffusion. Un quartier complet dédié aux métiers d’art.

Il y a encore de vieilles usines que nous aimerions conserver et transformer en lieux vivants, où les artisans pourraient travailler en sécurité, à des loyers abordables, voire avec un accès à des baux très longs et à moindre coût, comme c’est le cas en France.
Ce serait un espace qui valorise leur savoir-faire, tout en leur offrant des conditions de création durables. »


Plusieurs artisans québécois participaient cette année à la biennale « Révélations », événement international majeur à Paris.

« Peut-on espérer un tel événement au Québec ? »

« On y travaille très fort !
Nous avons déjà de très beaux événements pour les métiers d’art que les gens connaissent, comme le Salon des métiers d’art justement. Mais accueillir un événement du type Révélations à Montréal, pour faire découvrir aux Montréalais, aux Québécois — et même aux gens de New York, du Maine et d’ailleurs dans le monde — ce que peuvent être les pièces uniques en métiers d’art, que ce soit dans le mobilier, la décoration ou la joaillerie… ce serait extraordinaire.

Parce qu’on a vraiment des pépites chez nous. Des créateurs et des œuvres qui impressionnent partout.
Je pense qu’on est prêts pour recevoir un événement comme ça.
Moi, je suis prête. »


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