Où en est la collecte des droits voisins d’interprètes?

La semaine dernière, la SCAPR, (l’Association internationale pour le développement de la coopération pratique entre les organisations de gestion collective d’artistes-interprètes) a dévoilé son rapport exécutif de 2023, mettant en lumière un retour aux niveaux de collectes prépandémiques. En 2022, les membres de la SCAPR ont réussi à collecter un montant impressionnant de 880 millions d’Euros, dépassant ainsi les chiffres enregistrés en 2019, avant l’irruption de la COVID-19.

Les chiffres présentés par la SCAPR n’incluent pas les redevances versées par la société états-unienne SoundExchange aux artistes-interprètes. Pour l’année 2022, SoundExchange a déclaré des collectes dépassant le milliard de dollars US, ce qui suggère un marché mondial des droits des artistes-interprètes à environ 1,5 milliard de dollars US (puisque SoundExchange verse 50 % des droits qu’elle collecte aux producteurs d’enregistrements sonores, 45 % aux artistes-interprètes vedettes, et 5 % aux artistes accompagnateurs). 

Ces chiffres se comparent à 800 millions d’Euros collectés par les sociétés membres de la SCAPR en 2021, et 776,5 millions d’Euros en 2020, soit une hausse de 3,02 % de 2020 à 2021, et une hausse de 10 % de 2021 à 2022.

Pourquoi les collectes de droits voisins ont-elles connu un effondrement durant la pandémie?

Les principales sources de revenus des droits voisins proviennent notamment des diffusions publiques et de l’exécution des enregistrements sonores. Concrètement, la pandémie a entraîné plusieurs conséquences :

  • L’annulation des événements en direct, tels que les concerts et les spectacles;
  • La fermeture des lieux sonorisés comme les bars, les restaurants, les salles de sport, les discothèques et autres;
  • Une diminution des recettes publicitaires auprès des diffuseurs, notamment à la radio et à la télévision.

Avec la levée des restrictions sanitaires en 2022, la situation est revenue à la normale. 

Peut-on s’attendre à encore plus de croissance à l’avenir? Quelles sont les tendances qui exerceront une influence sur les montants collectés pour les artistes-interprètes? La suite dans un prochain billet.

Au cours des derniers mois, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux artistes. Ils sont de tous âges, de divers genres musicaux et présentent différents niveaux de compréhension et d’intérêt en ce qui concerne la gestion de leurs droits. 

Les droits d’auteur sont connus par la majorité d’entre eux en tant que compositeurs et/ou paroliers. Cependant, dès qu’on aborde la notion de droits voisins, et plus particulièrement ceux des artistes-interprètes, l’expression sur leur visage change radicalement et certains réagissent en me disant : « Mais je ne suis pas interprète, je suis un beatmaker! ». Je leur réponds qu’il est essentiel de comprendre que bien qu’ils soient compositeurs, ils sont également des artistes-interprètes, et que leurs droits voisins méritent d’être pris en considération.

L’artiste-interprète est la personne qui représente, chante, récite, déclame, joue ou exécute l’œuvre musicale. Un chanteur, un choriste, un musicien traditionnel, un beatmaker, un DJ ou même une personne qui fait des claps, tous sont reconnus comme des artistes-interprètes, et tous devraient s’assurer de la gestion de leurs droits voisins. Bien entendu, un auteur-compositeur-interprète peut prétendre à recevoir des droits d’auteurs et des droits voisins d’interprète, si ces enregistrements font l’objet d’une utilisation rapportée par les utilisateurs (radios, etc.) auprès des sociétés de gestion collective.

Le sujet des droits voisins comporte de nombreuses complexités, des termes très peu accessibles, et d’autres nuances qui varient d’un pays à l’autre et qui peuvent être difficiles à décortiquer, même pour les interprètes les plus dédiés à la gestion de leurs droits. 

À propos de l’auteur – Ali Mafi

Ali est le fondateur de Forthright Music, une agence de gestion de droits voisins et d’évaluation de catalogues musicaux. Après avoir passé près de 12 ans chez Artisti et 2 ans chez peermusic Neighbouring Rights, il a fondé son agence afin d’épauler les créateurs et leur offrir mon expertise et l’exceptionnel réseau international qu’il a bâti au cours des 15 dernières années. En dehors de son travail, il s’amuse à initier sa fille au skateboard et à fouiller dans les bacs à disques du café 180g.

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