Le collectif Mon Doux Saigneur a dévoilé en novembre dernier « Du soleil dans l’œil », un quatrième album en carrière. Après 10 ans à rouler sa bosse, Émerik St-Cyr Labbé s’est lancé – non pas sans inquiétude – de manière indépendante dans la production de cet opus. « C’est une décision que j’ai prise et je suis fier de ça. J’avoue qu’au début, j’étais insécure et je dormais moins! »
L’artiste nous parle en visioconférence, en direct de son balcon où il prend le temps de profiter du soleil. Ce dernier raconte qu’il lui a fallu bâtir une équipe pour soutenir ce projet, de la réalisation à la commercialisation. C’est chez Fire Feu Fuego qu’il a trouvé un appui en gérance, alors que l’équipe de Bravo Musique conserve la responsabilité des spectacles. Aux relations de presse, Marie-Pier Létourneau est de la partie. « Je ne dis pas que je veux travailler de manière indépendante pour le futur, mais j’ai appris beaucoup de choses », alors qu’il ne reste que quelques heures avant le lancement de ce nouveau projet sur scène. « On peut accepter des spectacles et décider par nous-mêmes. Je peux me fier à mon intuition quant aux bons choix à faire. Notre nom a circulé depuis les dernières années, je pense que Mon Doux Saigneur va toujours gagner en notoriété avec le temps », souligne l’artiste.
Un processus créatif nouveau
Cette fois, Émerik St-Cyr Labbé ne portait pas seul sur ses épaules le poids de la création. « Mon guitariste Eliot a composé sept chansons sur dix. C’est encore très collectif comme projet, mais tout le monde y a mis du sien », dit-il. Sur cette nouvelle sortie, l’artiste explore une avenue complètement nouvelle de ce à quoi il a habitué son public. Avait-il peur de perdre la « couleur » du collectif en confiant l’écriture des chansons à son comparse Éliot Durocher Bundock? Pas du tout. « Je savais que je voulais faire quelque chose de différent pour cet album. À force d’en parler avec les musiciens avant les spectacles, on prenait des notes et on dirait que j’ai indiqué aux gars que je pourrais écrire sur la musique d’Eliot », ajoute-t-il. « Ça m’a sauté aux yeux que, si c’était écrit avec lui, on ne pourrait pas se tromper ».
Sur cet album, il voulait retirer les effets de voix, les métaphores des textes et proposer une écriture plus brute, plus authentique. Pour lui, le fait de s’imposer des restrictions a donné un produit organique dont il est particulièrement satisfait. « Je pense que le tri qu’on a fait était judicieux », souligne l’artiste. « L’insécurité que j’ai vécue quand j’ai su que je serais indépendant était pas mal plus grande que mon insécurité à créer dans une nouvelle direction ».
Se retirer pour créer
C’est au Studio Wild à St-Zénon que Mon Doux Saigneur s’est réunit pour écrire et enregistrer en compagnie de Jean-Bruno Pinard à la co-réalisation. « C’est la deuxième fois qu’on allait au Studio Wild. On est arrivés avec quatre ou cinq chansons prêtes et d’autres que nous avons créé sur place. C’était stressant parce que je n’avais pas d’expérience, mais j’étais entouré d’amis », dit-il, avouant que les doutes et l’angoisse font aussi partie de sa vie. C’est la chanson « Marcher dans le noir » que le groupe enregistre en premier. Le reste s’est fait dans la douceur et le plaisir d’explorer de nouvelles sonorités.
On note également l’apparition des voix de Klô Pelgag et de Rose Perron (Rau_Ze) sur ce nouvel album. « On a commencé à se croiser plus souvent et nous sommes devenus des amis. Elles ont un langage très expressif et ce goût de créer dans la joie. Tout le monde aime Rose! Et Klô Pelgag, elle m’avait invité à faire ses premières parties. Je lui ai proposé de chanter sur l’album et elle a tout de suite accepté », mentionne-t-il, tout sourire.
Regarder en avant
Émerick St-Cyr Labbé ne cache pas ses craintes quant à l’avenir de la musique et de la place des projets francophones dans le milieu québécois. « J’espère un jour arriver à une forme de sérénité quant à l’évolution du projet », dit-il. « Je ne peux pas m’empêcher de dire qu’il faut se tenir, comme société, dans mes paroles. Ça peut faire un peu comme un cri d’équipe, mais je veux écrire quelque chose de mobilisant ». Du plus loin qu’il se souvienne, Émerik voulait faire de la musique, mais il est tout aussi conscient que l’écosystème est fragile et que c’est un devoir de société de le préserver. « On est chanceux d’être chouchous de radios comme CISM ou ICI Première. Je suis conscient que cet album est peut-être plus « niche », mais je suis fier de la réception qu’on a de l’album », conclut-il. On souhaite longue vie à cet album magnifique. Puisse-t-il amener à l’artiste un peu de sérénité et de douceur.
Retrouvez Mon Doux Saigneur sur scène, le 6 mars au Théâtre Plaza (Montréal) et le 7 mars au Grizzly Fuzz (Québec).
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