Sympathique, accueillant et verbomoteur, Doug St-Louis se prépare à faire paraître son premier album solo. C’est avec l’extrait “Bien entouré” qu’il a lancé en février dernier que le décompte a commencé. Celui que l’on reconnaît notamment pour son travail avec Roxane Bruneau ou Gros Big a pris le temps de passer en revue son parcours des plus surprenants.
Il se décrit d’auteur comme un auteur-compositeur-interprète, mais a pu confortablement gagner sa vie rapidement en carrière grâce à son rôle de réalisateur et d’ingénieur de son. “Je te dirais que l’auteur-compositeur est celui qui veut prendre le dessus”, lance-t-il. L’envie de revenir au-devant de la scène s’est présentée à lui et le destin semble vouloir jouer en sa faveur.
Silence Audible
Ses débuts dans la musique se sont faits dans l’humour avec son groupe Silence Audible. Nous sommes aux débuts de l’Internet et les artistes sont particulièrement actifs sur les blogues musicaux. “On faisait des parodies, de la musique urbaine et j’essayais de mixer tout ça avec de la musique folk”, dit-il. À l’époque, le style est plutôt audacieux et n’est pas très bien accueilli dans les studios montréalais. C’est ce qui pousse Doug St-Louis à s’équiper et à s’enregistrer lui-même. “De fil en aiguille, je suis devenu ingénieur de son.” Ce sera son passage à l’école Trebas qui viendra confirmer ce qu’il veut faire de sa vie : de la musique, peu importe la forme que cela prendra. “Je pense que je suis devenu réalisateur par défaut, parce que je guidais beaucoup les artistes. Je voyais aussi que les artistes aimaient être guidés et sortir de leur tête”, souligne Doug St-Louis, se remémorant un stage de deux mois dans un studio de New York qui fut plutôt formateur. Quelques années plus tard, l’aventure de Silence Audible prend fin, mais il lance un label avec une amie. L’artiste s’occupe du studio et elle, de son côté, veille à l’administration. “Pendant tout ce temps, je te dirais que le chanteur en moi est resté caché longtemps!”, lance-t-il en riant.
Multiplier les collaborations
Doug St-Louis réalisera trois albums avec Sir Pathétik qui était, à l’époque, au sommet de son art. Il se joindra également à sa tournée et partagera la scène avec lui. Entre-temps, un producteur de l’Ouest canadien, Audio Playground, le contacte afin d’obtenir des versions bilingues des chansons que fait paraître le label anglophone. “Il descendait la liste des références qu’il avait eues et il est tombé sur mon nom”, mentionne l’artiste. “Je trouvais le projet super intéressant, j’ai fait entrer des musiciens en studio et je lui ai envoyé une version revue de l’une des chansons. Le dimanche soir, je lui envoie! Ça sonnait super bien, j’étais fier de moi.” C’est ainsi que s’enchaînent des collaborations sur des chansons avec des artistes internationaux tels Snoop Dogg, Flo Rida et Wyclef Jean. “La chanson avec Snoop Dogg a eu un impact formidable au Canada et aux États-Unis. On a décidé de travailler le projet à l’américaine et d’aller chercher d’autres artistes sur de nouveaux extraits”, ajoute-t-il.
De ces expériences à l’international, Doug St-Louis en retient des apprentissages qu’il peut partager aux artistes autour de lui. Par exemple, il a appris (à la dure) de quelle manière fonctionnent les collaborations artistiques sur le marché américain. “Les artistes vont demander une avance – souvent en argent – et prendront un certain pourcentage sur les éditions et les droits d’auteur”, faisant référence à sa collaboration avec Snoop Dogg. L’artiste et le producteur Audio Playground sont toujours en contact et d’autres projets mijotent. Il raconte également que l’histoire ne s’est pas toujours déroulée comme prévu : sa collaboration avec l’entourage de Flo Rida fut des plus complexes. “On s’est fait arnaquer par l’un de ses gérants qui était supposément avec Warner Music… et finalement, ce n’était pas le cas. On a lancé la chanson en pensant qu’on avait les droits, mais on a vite été freinés par les véritables ayants droits. Toute la campagne était payée et lancée”, se souvient-il. Cette expérience a ralenti ses ambitions internationales, sans pour autant lui faire perdre l’envie de créer.
Sa rencontre avec Roxane Bruneau
L’histoire débute avant que l’auteure-compositrice-interprète connaisse le succès monstre qu’elle vit en ce moment. “On se retrouvait dans les mêmes fêtes d’amis et elle faisait beaucoup d’humour en ligne. Elle venait s’asseoir dans mon studio et son gérant de l’époque voulait qu’on la signe pour la développer. Je ne trouvais pas qu’on était la bonne boîte pour la pousser”, dit-il. Les deux comparses vont enregistrer l’extrait “Seul ensemble” qui sera la première chanson que Roxane Bruneau dévoilera sur ses plateformes. “Pendant qu’il y avait un “party” en haut, on a enregistré la chanson pour le plaisir et on l’a sortie!”
L’artiste et sa gérante
L’histoire semble se poursuivre de très belle façon pour Doug St-Louis, ce dernier étant maintenant sous contrat de gérance et de disques avec Véronique Labbé et les Productions Véronique Labbé. “Je pense qu’un gérant doit être très très proche de son artiste. Je sais que cette relation a beaucoup changé, mais pour moi, je cherche une relation mutuelle et une personne qui peut tempérer entre moi et le reste de l’industrie”, ajoute l’auteur-compositeur-interprète. Son récent extrait “Bien entouré” a d’ailleurs été coréalisé par Michel Francoeur (Laurence St-Martin, Francis Degrandpré) et coécrit avec Véronique Labbé. Auparavant, l’artiste a vu plusieurs de ses chansons se hisser dans le TOP 100 Mediabase. “Je passe énormément d’heures dans le studio, je manque de temps pour faire autre chose à l’extérieur. D’avoir quelqu’un près de moi pour aller à la guerre et foncer, je trouve ça important”, souligne le père de famille. “J’ai tellement eu de fausses promesses dans ma carrière. Les grandes boîtes faisaient attendre mes projets et le temps passait. Avec Véronique, on a commencé tranquillement notre collaboration pour l’un de ses artistes et ça s’est fait!”
Son regard sur l’industrie
Les retombées semblent très positives pour celui qui planifie déjà une série de spectacles un peu partout au Québec. Il décrit cette vague de new country qui déferle sur les ondes comme un vent de fraîcheur. “Je te dirais qu’à titre de réalisateur, c’est l’aspect qui a le moins changé dans cette industrie depuis les 20 dernières années. C’est tout le reste qui a changé!”, lance-t-il. “Je suis toujours en train de me demander quelle niaiserie je peux faire sur les réseaux sociaux pour vendre mes billets de spectacles! Il y a des gens pour qui c’est super facile, mais ce n’est pas naturel pour moi.” Pour lui, ce qui a le plus changé dans cette industrie est cette nécessité de se retrouver aujourd’hui sur toutes les plateformes, tout le temps.
C’est avec bonheur que l’on retrouvera Doug St-Louis sur scène les 17 et 24 mai à Montréal, le 12 juin à Valleyfield, le 13 juin à Waterloo et le 25 juin prochain à St-André-Avellin. Pour toutes les dates à venir, visitez ses plateformes.