Publié en avril aux Éditions de la Pleine Lune, Ce que murmure ton silence est un récit signé Nadia Capolla qui dévoile un style littéraire sensible et qu’on a prend plaisir à découvrir. Par le biais de souvenirs fragmentés, de retours dans le passé et de réflexions intimes, l’autrice explore une relation mère-fille complexe, tissée d’ombre et de silence, entre ombres de l’histoire familiale et révélations tardives.
Une mémoire lourde, des cicatrices invisibles
Le point de départ du récit est le passé douloureux de la mère, qui a passé une partie de son enfance en orphelinat, un séjour qui lui a laissé des blessures profondes. Ces blessures, bien qu’interne et silencieuses, ont eu des répercussions sur sa fille, la narratrice, qui désormais tente de comprendre l’empreinte de ce passé sur sa propre existence.
Le récit navigue entre le passé et le présent : la narratrice évoque le vécu de sa mère, sa propre enfance, puis les retrouvailles – difficiles, parfois douloureuses – à l’occasion des visites à la mère, vieillissante, vivant en CHSLD. Ce qui frappe dans Ce que murmure ton silence, c’est l’attention portée aux silences, à ce qui n’a pas été dit, aux mémoires enfouies, aux non-dits transmis presque inconsciemment. La narratrice tente, en quelque sorte, de « lire entre les silences », de saisir ce que la mère n’a pas pu dire, peut-être par peur, honte, douleur, et d’offrir une forme de rédemption, de compréhension, d’empathie.
Une quête d’amour et de réconciliation
Plus qu’une chronique familiale, ce livre est une quête d’amour, de compréhension, de pardon, de réconciliation. Face à la maladie, au temps qui passe, à la vieillesse, la narratrice semble chercher un moyen d’apaiser les blessures, d’entendre ce qui n’a jamais pu être dit et d’offrir un baume à deux cœurs marqués. Nous avons d’ailleurs senti, au fil de la lecture, que ces blessures ne s’étaient peut-être pas totalement refermées. L’écriture, fragmentée, introspective, sensible, permet de transcrire cette quête avec subtilité et humanité, souvent dans la nuance, le non-dit, le murmure.
Ce récit est universel, les relations mère-fille et cet héritage invisible laissé d’une génération à l’autre est un sujet infini d’inspiration et de questionnements. De plus, l’ouvrage amène le lecteur à se questionner sur son rapport au vieillissement et à la perte d’un être cher. Dans un style sensible et contemplatif, Nadia Capolla sait faire naître en nous des émotions qui apaisent autant qu’elles peuvent nous arracher le cœur.
Un livre… à entendre
Ce que murmure ton silence n’est pas un roman flamboyant, spectaculaire. Il est discret, intime, comme un souffle ou quelques pages d’un journal intime. Et c’est précisément là que réside sa force. Dans le bruissement des souvenirs, dans les silences lourds, dans les regards, entre les mots qu’on n’a jamais dits. C’est finalement un appel à l’écoute : de l’autre, des absents et des blessures enfouies. Et une invitation à tendre l’oreille, à entendre ce que les silences ont à dire.
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