Pour que l’art reste vivant

Ian Kelly lance l’initiative NoPlayBack.org
(Crédit: Steven Grondin)

C’est à la microbrasserie Archibald du Boulevard Champlain que l’on se donne rendez-vous, alors que le soleil s’est mis de la partie. Ian Kelly était de passage à Québec pour le lancement de la programmation du Théâtre Petit Champlain. Nous en avons profité pour parler de l’initiative NoPlayBack.org qu’il vient de lancer.

Le programme vise à valoriser les artistes qui s’engagent à offrir des prestations sans recours à des bandes pré-enregistrées. L’initiative propose une démarche volontaire, éthique et artistique afin de célébrer la performance vivante dans toute son authenticité. Ian Kelly avoue que l’idée ne fait pas nécessairement l’unanimité. “Il y a des musiciens qui ne comprennent pas la nécessité de cette initiative ou si le public veut vraiment le savoir. Tout ce qui m’intéresse est d’avoir cette conversation”, dit-il. L’artiste propose qu’un spectacle qui fait appel à l’utilisation du “playback” soit déclaré au public, comme on le fait avec des aliments génétiquement modifiés (OGM). “Les spectateurs ont le droit de savoir. Il faudrait un peu de transparence de la part des artistes dans l’utilisation du playback”. 

Quand l’IA n’a pas sa place

L’auteur-compositeur-interprète de 46 ans ne s’en cache pas : des artistes peuvent créer des choses formidables en utilisant la technologie pour les soutenir, mais l’utiliser à outrance devient presque malhonnête pour le consommateur. “Je pense à un artiste qui joue seul avec sa guitare et, soudainement, un trio de cordes se fait entendre. Ça dérange et ça détourne complètement notre oreille de la prestation. Est-ce qu’on est vraiment venu voir une performance de karaoké?”, lance-t-il. Le projet NoPlayBack.org est maintenant en ligne et Ian Kelly invite tous les artistes qui souhaiteraient utiliser le logo “NoPlayBack” à le faire et à l’afficher à leurs fans.

Ian Kelly souhaite que NoPlayBack certifie quatre éléments fondamentaux : une voix 100 % en direct, des instruments joués en temps réel, aucune utilisation de playback instrumental et un artiste libre de contraintes techniques qui découlent des bandes pré-enregistrées. “Je n’ai pas toutes les réponses, mais j’aimerais vraiment que cette initiative puisse déclencher une conversation”, ajoute l’artiste qui est installé depuis plusieurs années à l’extérieur de Montréal, dans les Laurentides.

Se poser les bonnes questions

L’auteur-compositeur-interprète ne veut pas que cette idée soit perçue de manière négative ou comme une critique à l’avancement technologique de laquelle bénéficie l’industrie artistique, sur scène. Au contraire, il souhaite que le public se pose la question sur ce qu’il souhaite voir et entendre. “Pourquoi on accepte de consommer autant d’intelligence artificielle dans le milieu de la musique? Si tu n’as même pas le temps de créer du contenu de qualité et que tu le crées à travers une machine, pourquoi est-ce que je prendrais de mon temps pour l’écouter? Ça ne fait pour moi aucun sens”, dit-il. “Même en studio, on enregistre aujourd’hui pendant 5 minutes et on édite pendant 4 heures. Ce n’est pas de faire de la musique ça”, soulignant qu’il est lui aussi coupable de la surutilisation d’arrangements synthétiques sur plusieurs albums. Ian Kelly souhaite que le public puisse être informé de l’utilisation de l’intelligence artificielle et du “playback” lorsqu’un spectacle en utilise. Ce sera ensuite au spectateur de choisir s’il a le goût de voir cette représentation. “Lorsque tu vois un artiste sur scène, qui joue pour vrai et qui fait quelque chose d’extraordinaire, c’est magique. Si l’artiste a envie de faire un solo de 5 minutes, parce que l’ambiance le permet et qu’il a le goût de donner plus d’émotion au public, je pense que ça a plus de valeur que tout le reste! Il ne faudrait jamais oublier l’expérience que l’on offre au spectateur.

Le projet NoPlayBack.org invite les artistes et les diffuseurs à utiliser son logo pour les spectacles qui correspondent aux critères de la certification afin de permettre au spectateur de vivre un spectacle “authentique” et qui “mettra en valeur les humains au coeur de la création”, peut-on lire sur le site web de l’organisme. Ian Kelly poussera-t-il la note jusqu’à convoquer l’ADISQ, la Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec, ou RIDEAU? “J’aimerais que ceux que ça interpelle l’utilisent. Si d’autres organismes veulent avoir ces discussions, je serai là.

Pour télécharger le logo NoPlayBack.org ou en savoir plus, rendez-vous ici

Pour les prochaines dates de l’artiste sur scène, cliquez ici.

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