En entrevue avec Ariane Beauchemin
Phil Lauzon est un artiste incontournable de la scène country. On parle de lui pour son énergie sur scène et par son inspirante capacité d’enflammer une foule à l’aide de ses compositions, ainsi que ses reprises de la légende du country, Luke Combs. Le carnet du manager a récemment eu l’opportunité de s’entretenir avec lui, et la discussion s’est avérée touchante et pleine de positivité, bien à l’image de Phil.
J’aime toujours débuter par la base. Que se cache-t-il derrière l’artiste forgé qu’est Phil aujourd’hui? Quel est l’enfant, l’ado qui se cache derrière ses réussites? Phil Lauzon me raconte “J’ai eu ma première guitare à l’âge de 10 ans. On pense pouvoir apprendre un instrument rapidement quand on est jeune, mais ça demande des efforts! Donc mettons qu’après un mois, la guitare a pris un peu le côté. Ça faisait un peu de peine à ma mère, donc elle a commencé à gratter l’instrument, et de fils en comble, elle est devenue meilleure que moi! Et c’est là que l’orgueil de l’enfant de 10 ans s’est dit “c’est pas vrai que ma mère va devenir meilleur que son gars!”. Donc j’ai repris ma guitare et c’est là que ça a commencé, et que ça n’a plus arrêté.”
C’est quelques années plus tard que Phil se présentait sur la scène de son école secondaire, et que la passion de la musique l’avait officiellement atteint. “J’ai eu la piqûre en secondaire 2, quand j’ai fait mon spectacle à l’école. J’ai joué “Mon chum Rémi”, des Cowboys fringants, et j’ai eu un standing ovation!”
Son passage à La Voix a été pour lui un moment marquant. On peut se souvenir de lui, en 2014, qui présentait dans nos télé son interprétation de “Wagon Wheel”. C’est sans hésiter que trois des quatre juges de l’époque, Marc Dupré, Isabelle Boulay et Éric Lapointe, se retournaient, immédiatement charmés par la voix de Philippe Lauzon. Il me raconte l’histoire cocasse qui l’a amené à participer à cette émission de télé-réalité : “Les auditions de la deuxième édition de La Voix arrivaient. Ma femme me disait “Phil, il faut que tu ailles faire les auditions!” Moi, je pensais pas que j’étais assez bon pour ça, que ma voix était pas assez spéciale… Quand je suis allé faire les auditions, ma femme me l’avait caché. Elle m’avait dit qu’on s’en allait magasiner, mais ma guitare était dans la valise, en cachette. Quand on est arrivés, elle m’a dit qu’elle avait ma guitare dans la valise et qu’il fallait que j’aille passer les auditions de La Voix. Je me suis dit, c’est bon je vais y aller. Finalement, un mois plus tard, la recherchiste de La Voix m’a appelé. On venait tout juste d’avoir nos jumeaux, j’avais les biberons dans les mains, à moitié endormi et j’ai pas trop réagi. Je réalisais pas.”
La pandémie a été une période difficile sur plein d’aspects. Mais elle a aussi été une période d’arrêt, de pause et de retour à nous-même, que beaucoup d’entre nous n’auraient jamais pris le temps de faire. Certains se sont reconnecté à leurs passions, et pour d’autres, la pandémie leur a offert le temps de se consacrer à ce qui leur est réellement important. C’est le cas de Phil Lauzon, qui en a profité pour faire de plus nombreux Lives Facebook, qui l’ont fait exploser sur nos fils d’actualités. “Ma carrière a pris de l’expansion. Ça m’a donné une grande visibilité!”
C’est au seuil de la pandémie que Phil Lauzon se fait approcher sur les réseaux sociaux par un homme qui allait avoir une influence sur ce qui s’en venait. “C’est parti d’un cover de “Beautiful crazy” que j’avais mis sur Facebook et que Dan Stobbs a entendu. Il m’a dit qu’il avait une chanson qui fiterait avec moi, donc il m’a invité chez lui. On travaille ensemble un peu et j’haïs pas ça. Donc, j’y retourne la semaine d’après, et puis la semaine d’après, et puis l’autre d’après… Après 4 à 5 semaines à beaucoup s’échanger sur Facebook, il me dit qu’il a parlé avec un gars, que son cousin restait à Nashville et était un ancien chanteur canadien. C’était Gil Grand, il est donc devenu mon manager pas longtemps après!”
C’est peu de temps après que s’enclenche la création du tout premier EP de Phil, et comme plusieurs autres artistes, la pandémie s’impose dans son processus de création. “Et la journée que j’ai signé avec Dan, Gil m’a envoyé 7 chansons. Quand je les ai reçues, je me suis dit “Wow, c’est du sérieux!” J’ai pleuré. C’est un méchant beau rêve qui arrive, dont je m’attendais pas. Et puis 2-3 jours après, la pandémie arrive, tout ferme. C’est un peu décourageant. On a enregistré à distance, comme plusieurs musiciens à travers le Québec. Et en 2022, on sort enfin mon EP, ce qui fait que j’ai commencé à jouer avec mon propre nom en spectacle. Je tombais aussi producteur de mes spectacles, je n’avais plus de limite!”
En effet, c’est une grande réussite pour Phil, qui vient concrétiser tous les efforts et les obstacles qu’il a eu à traverser pour faire de la musique son métier. Tout cela vient aussi avec une vague de reconnaissance : “Après ça, quand on est allé au Club Soda en octobre dernier. J’ai eu trois nominations au Gala Country, j’ai eu un prix pour l’album country “autres langues”… Donc, ça a été une belle reconnaissance de voir qu’en plus d’avoir accompli l’enregistrement de mon premier EP, c’est une belle tape dans le dos!”
Phil Lauzon – Luke Combs Editon
On ne peut parler de Phil Lauzon sans aborder son spectacle “Luke Combs Edition”, qui le fait voyager partout à travers le Québec. “Je voulais trouver une façon d’intégrer mes chansons dans un spectacle, d’attirer les gens, parce que c’est pas facile de faire son matériel original et de te faire connaître avec ça. Je me demandais aussi, de quelle façon je pouvais garder un cachet comme celui que j’avais avec les Cajuns (ancien groupe de musique). Mais je voulais pas faire un hommage, l’idée n’était pas d’arriver déguisé en Luke Combs. Donc l’idée de “Luke Combs edition” est arrivée. De faire les chansons de Luke Combs, mais d’intégrer aussi 5-6 de mes chansons. Donc on se retrouvait avec des grosses foules, qui venaient en même temps découvrir mon matériel!” Et le succès de “Luke Combs Edition” se poursuit : “À l’été prochain, on va faire un Luke Combs édition de luxe, on a retravaillé les arrangements musicaux, on rajoute des intros, des transitions entre les chansons… On va travailler avec David Lavergne, un Label de Trois-Rivières, qui va faire mon booking de spectacles!”
“The Climb”
Phil Lauzon a récemment mis en ligne sur les plateformes un cover de “The Climb” de Miley Cyrus. La chanson est très significative pour lui, ce que l’on peut ressentir par sa voix et son interprétation touchante de la chanson. “À la base, c’est ma femme qui m’a fait découvrir cette chanson-là. Elle avait souvent écouté le film avec sa petite sœur. C’était la chanson qu’elle chantait, les vitres baissées en plein milieu de la ville, dans sa jeune vingtaine! Quand on a commencé à sortir ensemble, elle m’a dit “T’as pas écouté le film de Hannah Montana?!” Je lui ai dit “Ben non, c’est un film d’adolescent!”. Donc, j’ai écouté le film. Et la chanson, je l’ai gardé en tête. J’aimais l’arrangement, la mélodie. J’ai jamais tant que ça porté attention au texte, c’est plus dans les 3 dernières années, avec ma maladie, que ma carrière, est devenue un peu ma montagne, avec mes propres défis. Et j’ai des objectifs quand même hauts, et je veux les accomplir peu importe les obstacles que je vais rencontrer. Et c’est un peu ça, la chanson.”
“C’est une chanson que je me dis que si je l’écoute dans dix ans, je vais pouvoir me remémorer de tout ce que j’ai accompli. Ça va être un beau cadeau pour mes enfants aussi, qu’en l’écoutant, ils vont pouvoir être fiers de leur père.” Le succès de son cover est non seulement dû à son interprétation ressentie, mais aussi aux paroles auxquelles tout le monde peut se rattacher. “J’ai eu pleins de beaux messages de gens qui me disent que ça leur fait du bien. Il y a du monde qui me disent qu’ils ont pleuré sur la chanson, que ça leur a rappelé des souvenirs. Et il y en a d’autres qui me disent qu’ils passent des moments plus difficiles et que la chanson tombe en plein au bon moment.”
“Je pense que la raison pour laquelle on fait de la musique, c’est un peu ça. C’est pour faire du bien au monde. Et là, ça vient juste confirmer que je fais les choses pour la bonne raison.”