Une entrevue avec Michaël Grégoire
Le 17 juillet dernier, l’auteur-compositeur-interprète Michaël Girard publiait sur les réseaux sociaux qu’il venait de signer avec une nouvelle équipe, Val MGMT. L’artiste mentionnait « J’ai décidé de m’ouvrir et de me permettre, à nouveau, d’avoir confiance en quelqu’un. Quand ce sentiment s’est fait « barouetter » d’un bord pis de l’autre, ça s’peut bien qu’il finisse par être un peu ébranlé ». Le chanteur soulignait la collaboration naturelle et de confiance qui vient de se créer avec l’équipe de Valérie Hamel, cette dernière représentant également Roxane Bruneau et Annie Villeneuve. Je suis allé discuter de ce changement avec lui.
Michaël Girard cumule deux Félix à son actif, d’abord en 2008 dans la catégorie « Meilleur album – Musiques du monde », puis en 2009 dans la catégorie « Meilleur album – Classique vocal ». Le chanteur pose aujourd’hui un regard plutôt serein sur son parcours. « À travers les années, il y a plein de gens qui m’ont aidé. J’ai eu l’occasion de travailler avec d’autres maisons de disques, mais jamais je n’ai signé avec une équipe de gérance depuis Josélito (Michaud). À la suite de cette grande histoire, je ne sentais pas le besoin d’avoir quelqu’un près de moi dans l’immédiat. Je voulais être plus impliqué et à tous les niveaux », dit-il. L’artiste n’a jamais chômé pour autant. Il est également devenu artiste-peintre depuis les dernières années. « Avec Josélito, j’étais entouré de moyens incroyables et c’était moi l’artiste de qui on prenait soin. Ça m’a surpris tout au long de notre parcours ensemble. Et j’ai bien fait puisque j’ai rencontré des gens exceptionnels et vécu des aventures incroyables. C’est ce qui m’a permis d’être découvert en tant qu’artiste solo. Je serai toujours reconnaissant pour ce que Josélito a fait pour moi », ajoute-t-il.
Tout faire soi-même… ou presque
L’artiste originaire de Bégin, au nord du Lac St-Jean, mentionne à quel point c’est un plaisir pour lui de s’impliquer dans les projets qu’il entreprend, mais sans pour autant que sa carrière n’envahisse sa vie personnelle. Il fait référence aux vingt-cinq dernières années en couple avec la productrice Hélène Girard. « Ma conjointe m’aidait beaucoup, négociait parfois pour moi, etc. Mais à un moment donné, j’ai senti qu’il était peut-être temps de détacher l’aspect professionnel du côté personnel. Je sentais que c’était le petit truc de trop pour notre vie. Je ne voulais pas que ça devienne malsain », ajoute l’artiste.
A-t-il toujours senti avoir les deux mains sur le volant de sa destinée professionnelle? « Souvent j’ai accepté des choses pour simplement rester présent dans l’industrie ». Ces propositions ne l’ont pas empêché de plonger d’un projet à l’autre, mais avec une certaine réticence à s’entourer d’une nouvelle équipe.
Un nouveau projet en création
Cela fera bientôt dix ans que Michaël Girard n’a pas proposé de nouvel album original au public. Il est toujours en train de laisser mijoter un concept de grande envergure qu’il garde, pour l’instant, plutôt secret. « Je suis en train de travailler sur un projet grandiose qui touchera à la musique de films, dans un style vocal et orchestral. Je pense que c’est le projet de ma carrière! Ça donnera éventuellement un album. J’ai fait les premières maquettes et, pour le reste, je ne peux pas tout faire dans la vie! » Pour ce faire, l’artiste s’est notamment entouré de la violoniste Nathalie Bonin aux arrangements. On y parle d’un univers audacieux avec des compositions originales et de grands arrangements. C’est aussi à ce moment que ce sont amplifiées les discussions avec la gérante Valérie Hamel. « Elle est arrivée dans ma vie alors qu’elle travaillait chez Evenko. Au fil du temps, on s’est recroisé à la fin de La Voix, en 2017, et elle a accepté de produire le spectacle. Elle a toujours été présente dans ma vie ». Au fil des années, Michaël Girard a croisé Valérie Hamel et sa collègue, Virginia Hernandez, à plusieurs reprises. Le chanteur mentionne avoir eu le temps de bien faire les choses et de se lancer avec la certitude de faire le bon choix. « Ça a mijoté pendant quelques mois et c’est devenu pour moi une évidence que je devais me tourner vers elle. J’ai fini par prendre mon petit courage et je l’ai approché. Ça s’est fait super naturellement. C’est une collaboration qui est simple et saine. Je me rends compte que j’étais rendu là »
Les attentes envers un gérant
De quelle manière sa réflexion a-t-elle évolué quant à la nécessité (ou pas) de collaborer avec un gérant d’artistes? « À l’époque, je ne savais pas qu’elles étaient mes attentes. C’était un autre univers, on n’a pas de réseaux sociaux et Josélito venait d’une école où le manager prend tout en charge. C’est une bonne personne, mais il s’occupait de tout. J’ai accepté parce que le projet était tellement plus grand que moi ». Ce dernier mentionne que sa volonté de s’impliquer activement dans un projet est un élément primordial pour lui et que sa nouvelle équipe lui offre une totale liberté. « Aujourd’hui, je comprends que j’aime être impliqué dans tous les aspects de la création et ce que je cherchais est un allié qui va m’ouvrir des portes, croire en moi et saisir les opportunités qui se présentent. Il fallait remettre plusieurs choses en ordre, notamment au niveau de mon nom », dit-il. En effet, l’auteur-compositeur a d’abord évolué sous le nom « Michaël » pendant plusieurs années avant de reprendre son nom de famille. Cela peut amener un peu de confusion sur les plateformes d’écoute numériques.
Être toujours là
Ce qui m’interpelle est la surprise de Michaël Girard d’être « toujours et encore là », comme il l’écrit régulièrement sur les réseaux sociaux. Avec un parcours comme le sien, jalonné de Félix et de projets en continu, qu’est-ce qui le surprend à ce point? « On se compare beaucoup dans ce milieu. On a l’impression de pédaler comme des fous, mais si des grands comme Bruno Pelletier se questionnent, je peux aussi me poser des questions! Ça bouge tellement vite avec tout ce qui se passe à l’international. Je suis fier d’être encore là et à rester dans l’industrie de l’art et de la création », dit-il. Michaël Girard n’a jamais accepté d’avoir un deuxième emploi pour combler les mois plus difficiles. « Ça amène beaucoup d’anxiété et d’angoisse, mais je fais ce choix-là. Et soudainement, Martin Leclerc m’approche pour me proposer un nouveau projet. Il y a toujours de belles choses qui arrivent et ça me fait vraiment plaisir! » Le
Broadway, un projet à venir dès septembre
Michaël Girard sera de la distribution Broadway en Lumière, une nouvelle production signé Martin Leclerc qui réunira sur scène Geneviève Leclerc, Gino Quillico, Raphaëlle Paquette et lui-même. Broadway en lumière, ce sont d’inoubliables succès, les airs les plus marquants de Cats, West Side Story, La Mélodie du bonheur, Funny Girl, My Fair Lady, Cabaret, Un violon sur le toit et Les Misérables, pour ne nommer que ceux-là. « Martin Leclerc est un producteur important dans ma vie, c’est quelqu’un de fidèle. Et Broadway en lumière, ce sera un grand plaisir! On se rencontre pour ce spectacle, les quatre artistes, pour mettre de l’avant les grands classiques du Broadway des années 60, 70 et 80. Le choix de répertoire est immense, il faut choisir, mais ce sera assurément une version de concert avec six musiciens sur scène »
Et s’il avait à donner un seul conseil à un artiste à la recherche d’une équipe? « Il faut s’écouter. Sa petite voix intérieure dit souvent vrai. Il faut sentir qu’on peut s’exprimer, dire le fond de notre pensée et de rester sincère ».
Les billets pour Broadway en Lumière sont disponibles ici.