Il est tout sourire, heureux d’échanger sur ce nouvel album “D.O.U.X.”, son tout premier en carrière, qui vient de voir le jour, comme arrive le printemps. Joseph Boonen est un auteur-compositeur-interprète de 24 ans pour qui la musique est un langage qu’il chérit depuis son plus jeune âge.
C’est en 2018 que l’artiste fait ses premiers pas sur scène avec “Secondaire en spectacle”, un rendez-vous de jeunes talents étudiants à la grandeur du Québec. “Tout au long de mon parcours au secondaire, j’écrivais”, raconte-t-il. C’est cet événement qui le poussera à gratter la guitare et à y découvrir une grande passion.
Ses premiers pas en studio se font alors qu’il débute l’enregistrement de son EP de cinq chansons, “Comme un ours”, au Studio Lamajeure. Une expérience qui ne fut pas des plus douces. “C’était trop ou trop vite pour moi! Un mois avant ça, je faisais mon premier spectacle! On est dans un énorme studio, je ne connaissais rien”, souligne Joseph Boonen. Il apprend à la dure certains rouages du métier, mais cela ne ternit en rien son envie de s’entourer, de mieux se structurer et d’être épaulé par des professionnels du milieu culturel.
Savoir rebondir
Joseph Boonen ne s’en cache pas : il est un éternel optimiste. La pandémie s’installe au Québec et ses plans de voyage tombent à l’eau. En 2022, il se retrouve avec un horaire aussi léger, s’offrant ainsi un maximum de temps pour finaliser des textes qui traînent dans ses tiroirs. Il prend rendez-vous avec un réalisateur et le projet d’un nouvel EP, “Aphélie”, prend forme. “Je lui ai demandé si on pouvait s’en sortir pour 300 $ la chanson!”, lance-t-il en riant. “J’ai besoin de faire de la musique. Dernièrement, je trouvais certaines périodes difficiles, mais j’ai cette envie de m’exprimer et cette impression que je peux faire une différence. Je voulais mener le projet jusqu’au bout.”
En 2023, il s’inscrit au concours “Ma première Place des Arts” et se retrouve sur la scène de la Salle Claude-Léveillée. “Je ne rêvais pas d’être un artiste, mais j’avais des chansons et le goût de les exprimer. J’étais un peu comme dans le principe du voyage : voir où je peux aller avec mes ressources et apprendre”, ajoute-t-il. Cette expérience est venue confirmer sa volonté profonde d’aller au bout de son rêve. Dans les mois qui ont suivi, de nouveaux extraits se sont enchaînés et, finalement, l’auteur-compositeur-interprète montréalais présente son projet le plus achevé. “Quand j’écris, j’essaie d’être le plus vulnérable possible. L’écriture part d’un moment ou d’une émotion. Je peux être dans ma chambre avec ma guitare, j’ai une boule dans le cœur ou je vis de la joie et je me mets à écrire. Le texte va souvent venir en premier, la mélodie apparaît ensuite”, souligne l’artiste.
Un premier album
C’est dans ses souvenirs d’enfance que Joseph Boonen est allé puiser l’inspiration. “J’ai revu mes souvenirs d’enfance : des cassettes VHS où l’on entend ma mère, mon frère. C’est vraiment ce que j’avais envie d’exprimer : ces beaux moments de nostalgie qu’on a vécus en famille”, dit-il. En effet, cet album nous berce autant qu’il nous fait réfléchir. On y découvre une profondeur artistique surprenante pour un artiste de son âge. “Quand j’écris pour moi, c’est plus senti et émotif”, ajoute Boonen. Ses textes se veulent très proches de l’homme qu’il est et de ses réflexions quotidiennes. Pour cet album, il a collaboré avec Alexis Leroy-Pleshoyano (alias Mada Mada) et Cédrik St-Onge à la réalisation.
S’ouvrir à d’autres collaborations
Joseph Boonen ne recule devant rien lorsque vient le temps de choisir de nouvelles avenues créatives. Est-ce que la porte est ouverte à des collaborations artistiques futures? “Je te dirais même que c’est le défi que je me suis donné! Je suis un artiste qui travaille d’abord plutôt seul, mais là je me retrouve à un stade où je dois aller puiser autre chose chez d’autres collaborateurs pour aller plus loin”, dit-il. “Je veux apprendre des autres”, soulignant qu’il échange actuellement avec un artiste en Suisse pour une éventuelle session de création qui pourrait l’amener à voyager.
Tout seul, ensemble
Devant la joie de vivre de l’artiste, le thème de la solitude peut surprendre. C’est pourtant la voie qu’il a choisi d’emprunter : le sentiment de la solitude qu’il décrit comme universel. “À la fin de la journée, on est seul avec soi-même. Je peux être “bubbly” et extraverti, je me retrouve aussi seul chez moi. On a tendance, je trouve, à oublier tout l’amour autour de nous : nos amis, notre famille, des gens qui sont là quand on en a besoin”, souligne l’artiste qui étudie également le développement durable à l’université.
Et les réseaux sociaux? Est-ce un refuge, un lieu de solitude ou un espace de rassemblement? “Je pense que les réseaux sociaux nous éloignent les uns des autres”, avoue Joseph Boonen. “On s’ennuie des moments où l’on est tout simplement ensemble, autour d’un feu de camp. Tu sais, les moments de pur bonheur!” Pour l’artiste, la société de performance dans laquelle on se trouve ne favorisera pas ces liens, avec les années. “Pour moi, les réseaux sociaux, c’est une tâche inévitable. J’ai aimé les contenus que j’ai écrits pour le projet, mais j’ai de la difficulté à gérer le stress de “devoir” faire quelque chose, tout le temps”, soulignant toute l’importance pour lui que prennent les rendez-vous avec le public, sur scène.
Les pieds sur terre
L’artiste conserve des idées plein la tête, mais les pieds sur terre quant à la réalité de l’industrie. “J’ai beaucoup de volonté, d’énergie et je me lance à fond quand j’ai un projet. Je me suis entouré de musiciens professionnels et d’une équipe solide. Ça reste toutefois que je ne peux pas tout faire, tout seul”, dit-il. “C’est une industrie qui n’est pas simple et qui demande à prendre beaucoup de risques. Tout seul, c’est difficile. Il me manque peut-être un gérant. Et que ce soit un défi, à deux, de se rendre plus loin.”
Joseph Boonen fait de la musique pour rassembler… et pour voyager. On vous propose une excursion authentique et sincère dans son univers. Gageons qu’il n’a pas fini de nous surprendre.
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