Il y a de ces entrevues qui nous rappellent pourquoi on travaille si fort au projet du Carnet, c’est justement pour rencontrer des artistes aussi passionnés, authentiques et dont le parcours inspire autant qu’il fait réfléchir. Louis Blouin se pointe au Sapristi de la rue Saint-Jean avec enthousiasme. Monastere, le duo qu’il forme avec Jesse Proteau (alias Zagata), revient avec un nouvel EP intitulé “Polaroïd”.
Pourquoi ce nom à l’esthétique vintage? Parce que l’artiste revendique un art qui se veut sans filtre, qui saisit l’instant. “On a créé un projet pour se retrouver, pour revenir à ce qui nous anime, sans se demander si ça va streamer”, dit-il. Pourtant, les radios ont chaleureusement accueilli les premiers extraits du projet, au point où Monastere est devenue Star iHeart sur le réseau Rouge / Énergie. Monastere propose cinq titres à contre-courant: des chansons sobres, introspectives, ancrées dans ce besoin de cohérence artistique sans correspondre à un standard.

Un duo fondé sur la confiance
Louis Blouin insiste: Monastere, c’est d’abord une affaire d’amitié. “Jesse et moi, on n’a pas besoin de se parler pendant des heures et on se comprend”, soulignant que leur relation repose sur une confiance artistique profonde, développée au fil des années à travers d’autres projets. Mais cette fois, pas de compromis et pas de filtre. Monastere a été conçu dans un esprit de retraite créative. Son nom n’est d’ailleurs pas une coïncidence: le duo voulait un lieu de création symbolique, un espace loin des diktats du marketing.
Une évolution naturelle
“C’est plus mature, plus assumé”, raconte Louis Blouin au sujet de ce nouveau produit. “On s’est donné le droit de prendre notre temps”, alors que l’EP explore des thématiques profondes comme la reconstruction de soi, le doute ou l’ambivalence des sentiments. La production est épurée avec des textures sonores chaleureuses. “Ce n’est pas parfait, on ne voulait pas que ce le soit. C’est l’idée d’un polaroïd”, dit-il. Monastere joue la carte de l’authenticité et ça résonne.

L’après OD
Nous devions poser la question qu’il est difficile d’éviter, mais on sent que son passage dans l’œil du public a laissé quelques traces qui ont amené l’artiste à faire de belles réflexions sur lui-même. “C’est comme si j’avais été mis sous une lumière qui ne m’appartenait pas”, dit-il, alors qu’il veut aujourd’hui reprendre le contrôle de son récit sans culpabiliser sur les statistiques de ses réseaux sociaux ou du nombre d’abonnés qui semblent “quitter” ses plateformes alors qu’il publie davantage de clips musicaux. “Sans renier l’expérience que j’ai vécu, je veux présenter l’artiste que je suis aux gens. Je suis vraiment fier qu’on commence à me reconnaître dans la rue pour mes chansons et non pour la télévision”, ajoute-t-il. Et c’est précisément ce qu’il s’est attardé à faire avec cet album: se créer, avec Jesse Proteau, un terrain de jeu où il peut redevenir lui-même.
Bientôt sur scène
Le regard de Louis Blouin sur l’industrie artistique actuelle se fait avec douceur, mais lucidité: “L’industrie va trop vite. Tout doit être instantané. T’as une chanson, il te faut déjà le clip. T’as un clip, on fait de la promotion sur TikTok. Moi j’ai envie d’autre chose”, mentionne celui qui sera papa dans quelques jours à peine. L’artiste veut réapprendre à créer dans la lenteur et accepter que la valeur d’un projet ne réside pas dans son écho immédiat, mais dans la trace qu’il laisse.
C’est sur scène que Monastere a hâte de se produire. Cet été, le groupe a eu la chance de monter sur les planches à quelques reprises, mais le vrai travail commence maintenant. L’artiste s’est entouré pour l’album du label Les Disques de la cordonnerie, de Greg Kitzler (La ShoeBox) aux relations de presse et fait confiance à UnidSounds en booking de spectacles.
Pour le reste, Monastere ne se donne pas de “timeline” précise, mais un autre EP est déjà sur la planche à dessin. La paternité risque de modifier quelque peu les priorités, mais l’essentiel reste là: la volonté de créer, sans contrainte, simplement pour le privilège de la chose. “Parce qu’on a fait quelque chose de vrai. Pas parfait, mais vrai”, conclut-il.
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