Une discussion avec Michaël Grégoire
C’est l’histoire de cinq amis qui, à 40 ans, se retrouvent pour un grand “trip de gang” : la création d’un nouveau groupe de musique. Leur objectif? Avoir le plus de plaisir possible, créer et lâcher son fou. En l’espace de huit mois, les acolytes ont fondé Le Clan de la savate, écrit des chansons, et enregistré un premier album qu’ils dévoileront les 7 et 8 février prochain à L’ANTI Bar & Spectacles, à Québec. L’histoire est belle et les gars apprécient chaque moment de ce succès quasi-instantané qu’ils sont en train de vivre. Je suis allé à la rencontre de Guillaume Boivin, Vincent Bergeron et Stéphane Valois dans leur local de pratique de la rue Bigaouette.
“Nos chansons on y croyait, mais nous n’étions pas préparés à une réponse aussi bonne!”, lance Guillaume Boivin, chanteur du groupe. Chacun de leur côté, les artistes avaient évolué sur la scène punk de Québec au début des années 2000. À ce moment, l’univers de la radio ne leur est pas familier. “On était des musiciens à la retraite! Les quatre autres gars avaient commencé à jammer ensemble et je leur ai envoyé un message”, se souvient Vincent Bergeron, batteur. “C’est Pierre-Luc qui a vu son message sur les réseaux sociaux. On avait le goût de faire entrer un batteur dans ce qu’on était en train de former”, ajoute Stéphane Valois. Et la chimie a commencé à opérer.
Revenir dans le rock
Les artistes du groupe se voient un peu comme des vétérans qui, 15 ans plus tard, alors qu’ils ont une carrière établie et une vie de famille, se donnent le droit de revenir dans la lumière avec un bagage de vie et une maturité qui leur permettent d’apprécier chaque moment. “On est surpris à quel point ça a fonctionné, mais on est arrivés prêts”, conclut Vincent Bergeron.
Ces pères de famille se rencontrent d’abord, le temps d’un week-end, dans un chalet pour discuter de ce projet éventuel. “On commençait à répéter, mais le concept du groupe était juste sur papier. Je savais que je voulais sortir du chalet avec un nom de groupe!”, souligne Guillaume Boivin. De son côté, Stéphane Valois imaginait un visuel fort, ce dernier ayant un emploi d’enseignant en art dramatique. Il rêvait d’en faire quelque chose de presque cinématographique. “On avait des idées un peu folles! On est des enfants des années 80 et on s’est mis à jaser de ce qui nous allumait pendant la jeunesse”, dit-il.
Ne reculant devant rien, Le Clan de la savate voulait pousser la fiction encore plus loin en s’attribuant des noms de personnages. C’est ainsi que sont nés les Dick Falco, Vinny Vengeance, Dynamite Kid, Mauvais Chien et Charbon. Pourquoi? Oh là, chaque histoire possède son anecdote! Quoi qu’il en soit, le groupe devient ce regroupement de voyous au cœur tendre, comme ils aiment le dire.
Tout faire par soi-même, ou presque
On a l’impression que le Clan de la savate est un peu arrivé de nulle part et… très soudainement, en l’espace de quelques semaines, les extraits “L’armée des voyous” et “Électrique” se taillent une place enviable dans le TOP 100 BDS et fracassent le TOP 25 Pop-rock. De plus, c’est rapidement que la chanson “L’armée des voyous” se retrouve en première position du TOP 10 francophone sur les ondes de BLVD 102.1. Ils semblent être en mesure d’en faire énormément alors qu’ils ne sont qu’un petit comité. “On est encore indépendants à ce jour parce qu’on a un coffre à outils qui nous permet d’en faire beaucoup, juste nous”, raconte Vincent Bergeron.
Et de la créativité, il y en a dans ce groupe visiblement tissé serré. “Se permettre d’être dans la peau d’un personnage pendant un instant, on avait le goût de ça et le monde a l’air de nous suivre!”, poursuit Stéphane Valois. Leurs costumes ont été dessinés et confectionnés spécialement par et pour eux et c’est un plaisir de se glisser dans la peau de leur personnage, sur scène ou en entrevue. Guillaume Boivin raconte notamment l’excitation qu’il a ressentie en quittant ses acolytes au chalet, à la fin du week-end. “Je suis arrivé chez nous, j’ai sorti une feuille de papier et j’ai dessiné mon costume!”
Une équipe d’ici
Stéphane Valois parle de ce projet avec des étincelles dans les yeux. “Je collectionne des figurines GI-Joe, c’est comme ça qu’est né mon personnage Dynamite Kid”, dit-il. Et des collections, il en a! Un ramassis de matériel, des vieilles radios, des bicyclettes, un peu de tout traîne dans son garage. C’était l’occasion parfaite de mettre le tout en scène dans un clip. Pour ce premier projet audiovisuel, les artistes ont fait appel à Cédric Lord à la direction artistique et à Stéphane Bourgeois à la photographie. La réalisation du clip a été confiée à Soufiane Benrqiq. “On aime créer des clips, des histoires, des photos. Ça fait partie du projet”, conclut Vincent Bergeron.
Il faut souligner la qualité des professionnels œuvrant sur ce projet de cœur et de passion. C’est à David Lizotte que le groupe a confié la réalisation de l’album et le rendu est impressionnant. “C’était important pour nous d’avoir une équipe créative d’ici”, souligne Stéphane Valois, alors que les artistes avaient tout à fait les moyens et les contacts pour appeler des professionnels de l’extérieur pour bâtir ce projet. L’idée était claire : il fallait collaborer avec des talents de Québec. “Je suis avocat en propriété intellectuelle, mais je me tiens près de l’univers de la création. Mes clients sont des auteurs, des artistes, des professionnels du spectacle. Mon côté artistique refoulé (rires), je le vivais à travers mon métier. Le fait de ramener la musique dans ma vie, je me sens sur mon X”, ajoute celui qui se glisse dans la peau de Vinny Vengeance.
Une inspiration
Malgré l’arrogance et l’aspect “Gotham City” des clips, comme ils le disent, le Clan de la savate se veut rassembleur. Les artistes ne souhaitent pas développer un rock “trash”, on préfère conserver une touche créatrice inspirante pour le grand public… et leurs propres enfants. “Nos jeunes ne nous ont pas connus quand on faisait de la musique à l’époque. Ils sont tellement contents de voir qu’on recommence à jouer”, se rappelle Guillaume Boivin. “J’appréhendais quand même notre retour en studio, ça faisait tellement longtemps!”
Le groupe est maintenant bien établi dans les palmarès radiophoniques et fait jaser sur de nombreuses tribunes. “On a senti une accélération dans la promotion, grâce à l’accueil du public! Je pense que c’est ce qui nous a donné l’élan de faire les choses plus rapidement. À travers tout ça, on l’a toujours fait pour nous!”, dit Stéphane Valois. Ils voulaient poursuivre ce projet à fond, simplement pour le plaisir de voir où ça pouvait les mener. Leur seul critère : chanter en français. “La scène musicale francophone, au début des années 2000, n’était pas aussi riche qu’aujourd’hui. Tu avais 18 ans à l’époque et tu lançais un band, ça se faisait en anglais”, ajoute Guillaume Boivin.
C’est dans la musique que ces pères de famille dans la quarantaine redeviennent des gamins, avec un son assumé et une qualité artistique à faire tourner les têtes. Cette réaction fait sourire Stéphane Valois. “Il n’y a pas d’âge pour rêver et pour s’amuser. On considère qu’on est encore jeunes, mais que si on veut se mettre en action, c’est maintenant que ça se passe. C’est aussi le message qu’on envoie à nos enfants!”
Le Clan de la savate s’autoproduit et se rapproche de divers professionnels pour mener à bien leurs objectifs, sans jamais se prendre au sérieux. On aborde la question de la licence auprès d’une maison de disques, ce qui pourrait être une possibilité pour eux. “On a de l’ouverture, mais on voulait d’abord amener le projet le plus haut possible par nous-mêmes. Je pense que si, dès le début, tu remets ton projet entre les mains de quelqu’un d’autre, tu ne seras jamais son projet #1. Tu vas être quelque part dans sa liste de choses à faire et that’s it”, mentionne Vincent Bergeron.
La porte est ouverte : le Clan de la savate souhaite recruter le plus grand nombre de “voyous” à ses deux prochains spectacles en février. Ça donne le goût de devenir membre du Clan!
Pour les prochaines dates de spectacles et plus d’informations sur le groupe, cliquez ici.