C’est le 7 mars prochain qu’est attendue l’autrice de polars Isabelle Lafortune à la Librairie La Liberté, le temps d’un entretien avec le blogueur littéraire Michel Roberge. La discussion se tiendra dans le cadre de l’événement Quelques nuances d’auteurs de polars et promet de très bons échanges. Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec l’autrice.
Son roman Terminal Grand Nord se dresse en plein cœur de Schefferville, un lieu qui la fascine depuis de nombreuses années. « J’ai un parcours un peu particulier. J’ai fait mes études à l’UQAM et tout ce qui est le fond et la forme, ça m’a toujours intéressé. J’avais 18 ans la première fois que j’ai mis les pieds à Schefferville et ça m’avait marqué. Je me suis dit qu’il faudrait absolument que j’écrive quelque chose sur cette région », dit-elle. À cette époque, elle étudie en littérature. Son beau-père, le grand-père de ses enfants, y possédait notamment l’hôtel, une pourvoirie et une compagnie d’aviation.
Le processus de création
Le roman Terminal Grand Nord est lauréat du Prix Jacques-Mayer du premier polar en 2019 et finaliste aux Grands Prix de la Montérégie en 2020. Son deuxième opus, Chaîne de glace, est également finaliste pour les Grands Prix de la Montérégie en 2023 et pour un « Award of Excellence » de l’association Crime Writers of Canada. « L’écriture est un processus très difficile pour moi. Mon processus est plutôt douloureux. J’ai donc longtemps lu les ouvrages des autres avant de me lancer moi-même », dit-elle. « Peu importe ce qu’on écrit, que ce soit du polar ou un autre type d’œuvre, l’auteur y met du sien. Je veux aimer mes personnages et leurs motivations qui doivent m’apparaître humaines. Je ne vais pas écrire sur un monstre qui n’a pas d’enjeu personnel ou de faille. »
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Dans Terminal Grand Nord, l’autrice s’est intéressée à comprendre les mécanismes qui poussent un être humain à enlever la vie à un autre être humain. « Je veux savoir ce qui se passe dans la tête de ces gens pour que les choses basculent », mentionnant entre autres la scène où est décrit l’assassinat de deux jeunes filles. « Je dois aller puiser quelque chose en moi qui me permet d’écrire ça, mais je trouve ça difficile. C’est de la laideur », poursuit l’autrice. « Particulièrement dans Terminal Grand Nord, j’ai écrit d’un coup cette scène difficile. Je me suis enfermée, je l’ai écrite d’un trait et je me suis sentie mal pendant 48 heures! » Lorsque tu regardes au fond de l’abysse, l’abysse aussi regarde au fond de toi, disait Nietzsche.
On constate une signature toute particulière d’Isabelle Lafortune dans ses dialogues. Ils sont parfois brusques, sans artifice et laissant toute la place à l’action. « Je ne veux pas m’éterniser dans les détails de dialogues. Je veux aller au cœur de ce qu’on a à dire. J’aime ce côté un peu brutal, dépouillé et droit au but. J’aime laisser les évidences au lecteur, je lui fait confiance », souligne celle qui publie aux Éditions XYZ. Cette dernière a également dévoilé une nouvelle tirée de son premier roman. « Mon éditrice m’a offert de publier une nouvelle à partir d’un de mes personnages et de raconter son histoire. J’avais donc envie de mettre en scène l’histoire de Marie et de Providence, deux personnages secondaires, deux femmes, qui sont complètement à l’opposé l’une de l’autre », conclut-elle, désignant Schefferville comme son Far West. « Je voulais faire entendre ces voix de femmes qui ont des désirs personnels, mais qui se rejoignent quelque part. Elles ont un obstacle en commun: un homme », ajoute-t-elle.
Tellement de talents, ici
Isabelle Lafortune ne cesse de s’inspirer par des lectures de notre époque, mais aussi de ces grands penseurs qui ont laissé une trace dans l’Histoire. « J’aime lire les Spinoza ou Machiavel. Ils ont réussi à mettre en mots les mécanismes humains et ça ne se démode pas. C’est toujours d’actualité! Ce qui me fait dire, en bout de ligne, que l’humain ne change pas », dit-elle. « J’apprécie beaucoup la profondeur de Donna Tartt et j’ai beaucoup aimé les livres de Jean-Jacques Pelletier. Il a une galerie de personnages extraordinaires et il tient ça de main de maître. Je pense aussi à Réjean Ducharme pour son style qui m’interpelle énormément », mentionnant à quel point nous avons de grands auteurs au Québec. « Je pense à Isabelle Grégoire, Catherine Lafrance, Steve Laflamme, Guillaume Morissette et j’en oublie plusieurs! », souligne-t-elle avec enthousiasme.
Isabelle Lafortune donne rendez-vous aux lecteurs (et aux curieux!) à la Librairie La Liberté, le 7 mars prochain, à Québec, dès 17h. Cette dernière ne cache pas son excitation à l’idée d’aller à la rencontre du public et d’échanger avec l’initiateur de ce projet. « J’ai découvert Michel Roberge grâce à son blog. Il produit des rapports de lecture qui sont très étoffés, c’est une personne qui prend la peine d’offrir un compte-rendu formidable. Et la Librairie La Liberté est une très belle librairie », conclut-elle.
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