La course aux crédits

Un billet de William Gaboury
William Gaboury
Crédit photo : Nick Segoÿa

Vous est-il déjà arrivé que quelqu’un d’autre s’attribue le mérite de votre travail? Vous savez, quand vous vous donnez corps et âme dans un projet et qu’à la fin de celui-ci, personne ne semble apprécier ou même reconnaître votre contribution. Ou pire… ils ont dit à d’autres qu’ils avaient tout fait.

Avant de tomber dans la critique, examinons quelque chose de vraiment intéressant. Si nous regardons dans le dictionnaire Oxford pour savoir ce que le mot crédit signifie vraiment dans ce sens, nous avons deux définitions :

1) La reconnaissance publique, l’éloge de quelqu’un en tant que participant à la production de;

2) Une source de fierté. 

Ces deux choses vont de pair, surtout quand on regarde l’étymologie du mot, qui est « croyance et confiance ». C’est comme si nous nous faisions confiance à l’honnêteté des autres en donnant le crédit correct (écrit et verbal) sur chaque projet. Il y a une version que nous connaissons tous dans laquelle notre nom est écrit sur l’oeuvre finale. Cela tombe dans la définition numéro 1. Ensuite, il y a le fait que nous voulons aussi pouvoir être fiers de dire “c’est mon travail”. C’est la définition numéro 2, et c’est ce qui fait du bien, cette fierté. Malheureusement, j’ai vu trop de bons groupes être réduits à néant dû à trop de « c’est moi qui l’a fait », alors que l’autre membre du groupe se sent trahi. Ça fait mal, ça m’est arrivé aussi.

Je connais des gens qui ont littéralement démissionné par manque de crédit et d’éloge pour leur travail. Mais voici le problème… Est-ce votre responsabilité ou celle des autres? Et ce que je veux dire par là est : désirez-vous assumer toutes les responsabilités qui sont attachées à cette création? 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il peut être extrêmement bouleversant pour quelqu’un d’autre d’avoir le crédit qui devrait être le vôtre. Mais le fait est… quelle responsabilité êtes-vous prêt à assumer en tant que créateur?

Et si le projet, une fois terminé, est en fait un désastre? Le phénomène inverse qui est plutôt comique peut se produire. Chacun essaie de repousser le “crédit” ou la responsabilité sur l’autre : “Oh, un tel a dit que nous devrions le jouer de cette façon”, ou encore “Je l’avais dit que ça ne marcherait pas”, et même “Je n’aimais pas vraiment la chanson de toute façon…” Ça vous rappelle quelque chose? 

Si le projet tombe à l’eau, allez-vous toujours en assumer les conséquences ou allez-vous en blâmer votre label, le chef de projet ou un autre membre du groupe? Je pense que dans chaque collaboration, il est important de comprendre qu’il s’agit d’un travail de groupe et de ne jamais perdre de vue ce que vous devez apporter au projet.

La façon de résoudre ce problème est en fait très simple. Vous voulez ressentir de la fierté à la fin d’un projet, d’une série de spectacles, d’un tournage ou d’une session de studio? Alors soyez fier de ce que vous faites vous-même en premier lieu. C’est tout. Donnez tout et faites de votre mieux, pour vous-même et pour les personnes avec lesquelles vous travaillez. Je pense que si vous faites cela, le projet ira très bien de toute façon, et les gens n’auront même pas l’idée de dire que vous n’avez pas collaboré.

Les plus grandes œuvres d’art ont très rarement été conçues par une seule personne. C’est presque inévitable, vous aurez à collaborer avec d’autres personnes. Vous devrez travailler avec d’autres musiciens ou un réalisateur, ou peut-être devrez-vous embaucher un autre guitariste pour un concert parce que votre “first call” habituel ne peut pas être là. Ou peut-être même qu’un autre chanteur vous demandera de collaborer sur l’un de ses projets.

À un moment donné, la discussion viendra : “Qui l’a fait? Qui a écrit la chanson? Qui a écrit le refrain? Qui a le crédit pour le travail effectué? Qui a écrit le riff accrocheur qui a fait avancer toute la session d’écriture, alors que tout le monde était coincé dans un blanc? Qui a vendu le spectacle? Qui a composé le bridge? Qui a planifié la session d’enregistrement? Qui a eu l’idée en premier?”

Le fait est que si vous étiez là, vous aviez un rôle à jouer. Votre présence dans la salle était importante, car vous vous êtes présenté avec la bonne intention de faire quelque chose ce jour-là. Que ce soit sur scène, en studio ou sur un plateau, débarrassez-vous de l’idée que les autres personnes devraient vous remercier d’être là, car elles se sont également présentées. Débarrassez-vous de l’idée que vous pouvez vous attribuer le mérite de l’ensemble d’un projet. Ils étaient là aussi, et sont tout aussi importants que vous l’êtes. Ce que vous avez créé ce jour-là est le résultat du fait que tout le monde était là pour faire de son mieux en travaillant dans une même direction.

D’un autre côté, peut-être que quelqu’un a joué un rôle plus important et vous avez l’impression de ne pas avoir fait grand-chose ce jour-là. Encore une fois, c’est sans importance, soyez fier de ce que vous avez fait. 

Votre nom sur un projet est aussi votre fierté pour ce que vous avez accompli, mais donnez du crédit là où le crédit est dû. Faire sa part du travail et exceller dans son domaine est une chose, mais être responsable du succès ou de la réalisation d’un projet en est une autre. Je crois profondément que plus vous donnez de crédit et d’admiration aux autres, plus ces gens vous le rendront et plus ils voudront travailler avec vous. Peut-être que vous avez joué de la guitare, ou peut-être que le chanteur a marmonné une partie de drum et que vous l’avez ensuite rejouée. Peut-être que quelqu’un a apporté un “sample” qu’il a enregistré sur son téléphone et que vous avez d’abord pensé que ça sonnait vraiment mal, mais qu’il s’est finalement avéré très bon. Même si vous vous êtes “trompé” la plupart du temps pendant la session d’écriture, peut-être que toutes ces “mauvaises idées” ont déclenché quelque chose de beau dans l’esprit de l’autre. En fin de compte, en vous présentant, vous avez créé quelque chose d’unique qui n’aurait pas été le même sans vous.

Gardez en tête que dans tout processus créatif, vous êtes le créateur et vous êtes la personne la plus importante, tant que vous laissez les autres être tout aussi importants.

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