Nous soulignons cette année les 25 ans du Festival M.A.D. (Mode, Arts et Divertissement) à Montréal. Depuis sa fondation, l’événement se donne pour mission de faire de Montréal une vitrine vivante de la créativité locale et internationale. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec le fondateur du Festival, Jean-François Daviau, sur cet univers qui évolue, mais qui demeure tout aussi riche qu’à ses débuts.
Une transformation culturelle
« Quand on a commencé, les créateurs ne voulaient pas participer. Pour eux, le grand public, ce n’était pas leur cible. Aujourd’hui, c’est le consommateur qui mène la game », lance Jean-François Daviau. L’entrepreneur prend toute la mesure du chemin parcouru en ces 25 ans qui ont passé en coup de vent. Du festival Mode & Design des débuts à l’écosystème M.A.D. d’aujourd’hui, il trace une ligne directe entre démocratisation et décentralisation de la mode. « Il n’y avait pas de réseaux sociaux, pas d’Instagram à l’époque. C’était un monde où la mode était élitiste, voire figée. Maintenant, c’est de l’expression pure. Musique, danse, streetwear, visuels… c’est un langage global », souligne-t-il.
De l’élite à la rue
Le Festival M.A.D. a accompagné l’évolution du rôle de la mode. « C’est Coco Chanel qui disait que ce qui ne descend pas dans la rue n’existe pas. Aujourd’hui, la mode prend racine dans les quartiers, elle émerge de la rue, elle se vit sur scène, sur TikTok, partout », ajoute Daviau, fier de la programmation tout aussi variée qu’il présente cette année.
À travers cette démocratisation de la mode, M.A.D. est devenu un événement à part. Pas un défilé de vitrines figées, mais une série d’expériences immersives, souvent en direct, où les artistes créent sur place, en interaction avec le public. D’ailleurs, la Zone Art, grande nouveauté de 2025, illustre parfaitement cette philosophie. « On offre des canevas vierges à quinze artistes qui sortent de leurs ateliers. Ils s’installent sur le site et créent devant tout le monde. C’est vivant, bouillonnant. C’est un laboratoire », conclut Jean-François Daviau.
Une mission, des générations
En 25 ans, Jean-François Daviau et son équipe ont vu émerger de véritables carrières. Il se souvient avec émotion de cette époque pré-2000 où, avec les moyens du bord, l’équipe lançait les premiers défilés extérieurs sur Saint-Laurent. « C’était le chaos organisé. Des stationnements transformés en runways, des fleurs volées, des policiers confus. Mais c’était magique », se souvient-il. L’entrepreneur se souvient d’avoir vu défiler des étoiles montantes comme Charlotte Cardin ou des collectifs qui sont essentiellement nés dans ses coulisses. « Il y a des artistes qui ont eu leur premier public avec nous. C’est ce qui me rend le plus fier », dit-il, tout sourire.
Montréal, encore et toujours
Malgré les défis liés à l’économie, à l’institutionnalisation de la culture et à la compétition des grandes plateformes numériques, Jean-François Daviau ne rêve pas d’exporter le festival. « Montréal, c’est dans notre ADN. Il y a ici une effervescence, une énergie brute, sincère. Ce n’est pas une ville figée. Elle est en constante mutation. On rêve toutefois de continuer à le faire connaître à l’international », dit-il. À ce sujet, le fondateur du festival ne cache pas une ambition plus grande : augmenter la portée du M.A.D., prolonger sa durée, multiplier les collaborations internationales. « Il faut faire rayonner nos créateurs. C’est un joyau. Il faut que ça dépasse les frontières. »
Des festivités partout
Pour son 25e anniversaire, le Festival M.A.D. voit grand. 30 défilés sont organisés sur la scène principale du Quartier des spectacles et des activités dans sept quartiers de Montréal. De plus, des performances de danse grand format seront présentées sur la place des Festivals.
Mais pour Jean-François Daviau, le cœur du festival reste le même. « C’est un festival d’expériences. Ce que tu viens chercher, c’est une surprise, une rencontre, une révélation. Ce n’est pas un tapis rouge. C’est un lieu de découvertes. »
Et c’est probablement là que réside sa plus grande réussite : avoir fait de la mode une célébration inclusive, où chacun peut trouver sa place, son style, sa voix.Pour tous les détails sur l’événement, visitez le site officiel du Festival M.A.D.
