Le rock, sans compromis

Face à face avec Jonas & the Jaguar Moon
Crédit photo: Steven Grondin

C’est au restaurant Il Teatro que je donne rendez-vous au chanteur Jonas Tomalty et au guitariste Steve Nadeau dans le cadre du lancement du tout premier album de ce nouveau groupe, Jonas & the Jaguar Moon. Il est 18h, nous sommes les derniers de cette journée d’entrevues qui semble avoir été chargée. 

Jonas est là, en pleine forme, lui qui a pris quelques années pour se déposer profiter de sa nouvelle vie de famille et écrire. “J’assume quand les médias parlent d’un “retour”, même si je n’étais pas loin! J’ai pris des décisions familiales et j’ai eu trois enfants. Avec la pandémie, je me suis donné la permission de prendre un pas de recul sur mes activités, passer du temps avec mes enfants et j’en suis très reconnaissant”, mentionne Jonas, sirotant son martini. Son acolyte Steve Nadeau est tout aussi content de parler de ce projet sur lequel ils travaillent depuis le début de la pandémie. La rencontre artistique entre leurs deux univers s’est faite naturellement. “J’ai été soundman pour son band avant de jouer avec lui. Je l’ai tellement entendu chanter et, sur scène, Jonas est une immense machine!”, ajoute Steve Nadeau.

Un projet qui lui colle à la peau

La naissance du groupe Jonas & the Jaguar Moon est naturelle pour Jonas. Il avait envie de retrouver l’esprit de gang et de faire les choses de la manière la plus organique possible. “Je voulais revenir sur scène avec un projet que j’adore, un band, qui parle de mon âme et qui est une collaboration tellement unique! Quand Steve et moi avons décidé de faire quelque chose ensemble, on flirtait avec l’idée d’un band sans connaître notre direction musicale”, dit-il. C’est donc en 2019 que l’idée d’un groupe a commencé à faire son chemin dans son esprit. Il aura fallu deux ans avant que Jonas Tomalty téléphone à Steve Nadeau qui, lui, de son côté, n’avait jamais cessé d’écrire des chansons.

Quelques mois plus tard, c’est en compagnie du réalisateur Dave Schiffman que les artistes entrent en studio. Schiffman est notamment connu pour son travail auprès des Red Hot Chili Peppers, Charli XCX, Adele et The Vampire Weekend. Une rencontre qui a rapidement fait le bonheur du chanteur. “C’était un cold call! On voulait trouver quelqu’un qui adorait le projet dans sa forme actuelle et qui ne voulait pas trop le changer”, lance-t-il. Steve Nadeau, de son côté, avait quelques craintes avec le fait de laisser son projet entre les mains d’un autre réalisateur. “Personnellement, j’avais peur que le réalisateur dénature le projet. Au contraire, Dave a tout compris et a mis en valeur l’album! Ce n’est pas “over produced”, il n’y a pas trop de “tracks” de guitare, c’est parfait pour nous”, dit-il.

L’album s’écoute d’un bout à l’autre de manière organique. On y retrouve huit chansons originales, dont l’extrait “Out to Dry”, une percutante ballade blues-rock, ou l’explosive “Believer” que j’ai personnellement écoutée en boucle sur le chemin du retour. “J’ai des frissons juste à te le dire, ce n’est pas une playlist… c’est un album! Nous avons utilisé une console des années 60. L’album n’est pas édité, il n’y a pas “d’autotune”, c’est brut. Pour moi, le fait de bien livrer n’est pas nécessairement d’être parfait. Je ne voulais pas que ce soit parfait, je voulais que ce soit vrai”, souligne le chanteur de 45 ans. Jonas Tomalty souligne que l’album comporte peu de prises de voix et que le processus d’enregistrement s’est déroulé à l’instar des années de gloire du rock ‘n roll. En bref, l’album n’a pas été réfléchi comme une succession d’extraits radiophoniques. “Il n’y a pas de compromis là-dedans. C’était vraiment important pour nous”, mentionne Steve Nadeau

La rencontre des artistes “all-star” qui entourent Jonas s’est produite avec simplicité, amitié et véritable amour de la musique. “Ça fait longtemps que le batteur Francis Fugère joue avec Jonas. Alex Lapointe, connu en tant que membre du groupe The Brooks, amène une direction plus funky qui est super intéressante. Chaque musicien joue comme il est, tout simplement. Ce sont quatre univers qui se mélangent”, ajoute le guitariste. Cette rencontre a permis la création d’un album où il fait bon vivre le rock à travers toutes les sonorités de la révolution des années 60 et 70. “J’aime écrire sur le présent, ce que je vis maintenant. Le moment présent, c’est une écriture honnête pour moi. J’écris sur ce que je suis en train de traverser, à l’âge que j’ai, avec mon bagage”, conclut Jonas.

Le rock, c’est le rock

Quel est le portrait du rock, au Québec? “Je crois que j’ai cette conversation tous les dix ans. On en parlait en 1999, en 2010 avec les Nickelback, Black Keys, Jack White. Bref, c’est cyclique. Le rock ne disparaîtra jamais. Il va se modifier, mais il revient toujours”, mentionne Jonas Tomalty dont la carrière a véritablement pris son envol en 2004 alors qu’il assurait la première partie de Van Halen. L’artiste s’est ensuite produit aux quatre coins du monde. “Regarde la scène émergente: Lou-Adriane Cassidy, c’est du rock. Hubert Lenoir, c’est un show rock. Je pourrais te nommer Karkwa, Fred Fortin, Les Trois Accord, Galaxie, tout ça c’est du rock!”, ajoute le guitariste. “The Dramn Truth, wow! J’adore ce band!”, répond le chanteur.

Un clin d’oeil sur le passé

Jonas Tomalty est loin d’être du genre à regarder en arrière et à s’attarder à ses bons et ses mauvais coups. Lorsqu’on échange sur son matériel passé, il sourit, mais il aborde cela avec beaucoup de légèreté. “Il y a un terme que j’aime beaucoup: magnum opus. C’est le travail de ta vie. Même après 20 ans, tu peux le réécouter et ça reste sur le “X” parce que tu n’as pas fait de compromis. Tu n’as pas écouté les forces extérieures qui souhaitent changer la direction de ce que tu veux faire”, dit-il. Pour Steve Nadeau, même son de cloche: les artistes qui perdurent ne font pas de compromis.

Avec ce premier album, les artistes se sont donnés la liberté totale de créer avec leurs couleurs respectives. “J’adore ce band! Le son est déjà là et ce n’est pas nécessaire de se parler: il y a un “flow” qui est vraiment naturel. J’ai même promis aux musiciens que j’allais suivre davantage le “setlist” sur scène!”, lance Jonas en riant. “Je me casse la tête à faire un “setlist” et il change ça en deux minutes sur scène!”, réplique à la blague son guitariste .

Une dynamique d’équipe

Jonas Tomalty s’est entouré de professionnels solides (et qu’il adore!) pour le lancement de ce nouveau projet. Il fait maintenant équipe en gérance avec Jean-Sébastien Hébert-Brunelle (Fierce Talent Agency), collabore avec Simon Robitaille (Taxi Promo) au pistage radio et avec Katherine Olivier (Roy & Turner) aux relations de presse. “Embarquer dans un projet comme celui-là, c’est de comprendre que nous sommes une famille. Quand tu vis quelque chose, il faut le dire. Il faut se parler pour éviter que ça devienne “passif-agressif”. Il faut être ouvert et à l’écoute. On adore notre équipe, notre gérant, les pros en relations de presse et jusqu’à l’équipe de graphisme”, dit-il. Le chanteur avoue que l’envie de tout contrôler est forte, au début, mais que la confiance s’est installée et qu’il est vraiment fier de ses collaborateurs. “J’ai été un artiste solo pendant plusieurs années, mais nous sommes maintenant un groupe. Je reviens avec des nouvelles ou des idées et ça ne passe pas toujours au conseil!”, dit-il en riant.

Le passé appartient au passé

Après 25 ans de carrière, un artiste peut se permettre de jeter un œil dans le rétroviseur, d’apprécier ses bons coups et de partager ses apprentissages. Tous les éléments présent sur l’album semblent avoir été mûrement réfléchis afin d’atteindre une combinaison musicale parfaite entre les riffs de guitares déchirants, les voix en alternance entre tendresse et puissance, les lignes de basse qui tranchent avec des grooves fluides ainsi que des rythmes de batterie percutants.

Le chanteur a choisi l’autoproduction pour cet album, un choix tout aussi réfléchi. “Avant de prendre cette décision, j’ai eu quatre rencontres avec des maisons de disques. À chaque fois que la rencontre se terminait, j’étais déçu ou déstabilisé. À l’époque, il y avait 10 ou 12 personnes dans la maison de disques et tous les services étaient à l’interne. En échange, ils prenaient une partie des ventes d’albums”, souligne l’artiste dont l’opus sera disponible dès le 17 janvier sur toutes les plateformes. “Aujourd’hui, un label veut un contrat à 360 degrés, ils sont maintenant 3 personnes pour faire le travail de 12 personnes, ils font ce qu’ils peuvent… et ils veulent presque 100 % de l’album, 50 % des éditions, 50 % de la marchandise et 50 % des spectacles “live”. Partout où l’on peut faire de l’argent, finalement”, conclut-il. Entouré de son équipe, Jonas a choisi de faire les choses à sa manière et de façon indépendante.

En terminant notre martini

Jonas Tomalty peut le dire fièrement: il a maintenant son groupe de rêve. “Tout ce que j’ai fait, les erreurs, les succès, je ferais exactement la même chose. Ce qui est fait, c’est fait. Tu peux passer ta vie à penser à ce que tu aurais pu faire autrement et vivre dans le passé. La résilience et le fait d’être dans le présent doivent être renforcés constamment dans ta tête”, dit-il. “À chaque fois où tu te sens découragé ou déçu, rappelle-toi que si tu n’avais pas traversé ce parcours, tu ne serais probablement pas là où tu es maintenant. C’est inutile de te plonger dans le passé ou de vouloir “réparer” des souvenirs que tu ne pourras jamais réparer. Est-ce que tu ne serais pas mieux de te dire: la prochaine fois où je vais vivre quelque chose comme ça, je vais agir autrement. Le regret n’a pas sa place parce que pendant que tu fais ça, tu ne célèbres pas les victoires. Et des victoires, il y en a beaucoup!”, ajoute ce papa de trois enfants. “Imagine si on pouvait retourner dans le passé pour ne changer qu’une chose. Ce changement pourrait aussi avoir un impact sur tout le reste de ta vie et on ne serait peut-être pas en train de se parler aujourd’hui. Je ne jouerais peut-être même plus de musique! Je ne veux pas être ce gars-là”, conclut l’artiste. Voilà une belle réflexion à méditer.

Ce que je souhaite à ce projet qui semble tout avoir pour rayonner? “Bâtir l’équipe et créer l’album était notre défi en 2024. En 2025, je suis le chanteur, je fais partie du Jaguar Moon et j’ai hâte de monter sur scène. It’s gonna be great!

Pour suivre les actualités de l’artiste, les dates à venir et découvrir ce nouvel album, cliquez ici.

Un texte de Michaël Grégoire
Crédit photo: Steven Grondin

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