Un entretien avec Ariane Beauchemin
Le Festival Country Lotbinière en sera à sa 9e édition en août 2024. C’est un événement d’envergure qui ne cesse de se surpasser d’année en année. Nous avons eu la chance de nous faufiler en arrière-scène de son organisation. C’est lors d’un entretien avec Guillaume Laflamme, co-fondateur du festival et responsable du marketing et de la programmation, qu’il nous a fait part de ses secrets en s’ouvrant à nous sur la complexité de la chose.
Avant d’aller plus loin, je me suis intéressée au tout début. Comment est-ce qu’on en vient à mettre sur pied un festival? Guillaume m’explique que ce fut très simple, voire naturel pour lui et ses partenaires d’affaires, Pierre-Marc et Sébastien. “À la base, Sébastien, Pierre-Marc et moi on est trois festivaliers aguerris. On adore les festivals et on parcourait des milliers de kilomètres pour voir nos artistes préférés en Ontario, dans le nord des États-Unis… Et à chaque retour de voyage, on se disait “Comment ça il n’y a pas ça au Québec?”. Donc on a décidé d’en partir un! Sébastien avait un background en événementiel, moi j’avais organisé quelques partys avec Pierre-Marc quand on était étudiants. Je te dirais que c’est vraiment parti d’une passion et de fils en aiguilles, le festival est devenu ce qu’il est aujourd’hui : un festival qui va frôler 2 millions en budget d’opération”.
Ses objectifs
S’occuper de la programmation d’un festival, c’est loin d’être simple, on s’en doute bien. Mais j’ai été impressionnée par la complexité de la chose, l’ampleur que cela pouvait prendre dans l’organisation. Guillaume me fait d’ailleurs part de ses objectifs, qui ne cessent de se développer à chaque année. “Ce qui est difficile, c’est de plaire à tous les goûts. Dans le country, on réalise que depuis 2 à 3 ans, ça commence à éclater. Il y a du country plus traditionnel jusqu’à du country “rap”. Cette année, on va aller toucher à des styles qu’on n’a jamais touchés.”
Les trois têtes d’affiches de l’édition 2024 ont été annoncées. Ce sont Lee Brice, Warren Zeiders et Riley Green qui seront en vedette de la grande scène. Le festival prometteur met également de l’avant nos talents québécois, ce qui est tout à leur honneur. C’est sur leur 2e scène, qui a notamment accueilli Francis Degrandpré, que plusieurs artistes de chez nous soulèveront la foule. Malgré ce que l’on peut croire, Guillaume nous explique que trouver ceux qui y figureront est loin d’être simple :“J’ai épluché Instagram et Facebook pour trouver LA perle rare, l’artiste prometteur, le Francis Degrandpré, le Matt Lang…Il y a une couple de noms que, probablement, personne ne connaît en ce moment. Mais d’ici un à deux ans, tout le monde va vouloir les avoir dans sa salle, dans son festival! Francis Degrandpré a commencé il y a deux ans sur notre petite scène. Maintenant, il est rendu à faire des grandes scènes, tout le monde se l’arrache!”
Guillaume a également précisé à plusieurs reprises l’importance de la relation de l’équipe avec leurs clients. Ils travaillent d’ailleurs d’arrache-pieds à ce que chaque édition soit une expérience de confiance renouvelée avec la clientèle. Cette année, par exemple, suite à l’observation d’un manque d’espace de stationnement lors des dernières éditions, l’équipe a mis sur pied un nouveau projet : des navettes seront disponibles à plusieurs points de repères pour permettre la meilleure expérience possible aux festivaliers, mais aussi pour leur sécurité.
Comment choisir une tête d’affiche?
Allons dans le vif du sujet. Ma curiosité ne peut m’empêcher de me questionner : Comment Guillaume réussit-il à cibler ses têtes d’affiches, malgré le nombre incalculable de talents de l’industrie musicale? C’est en riant qu’il me répond rapidement : “Ih lala! C’est vraiment très difficile. Il y a beaucoup de facteurs. On regarde tout ce qui est « streaming « (Spotify, Apple Music…), mais on ne peut pas s’arrêter juste à ça. Il y a des artistes qui “stream” beaucoup, mais quand tu regardes sur Instagram, sur leur site web, ils n’ont pas de tournées, ils ne font pas de salles à 2000 personnes… On regarde aussi l’attraction de l’artiste, entre autres sur Tiktok. On cherche ceux qui ont percé! C’est là qu’on peut voir que l’artiste emporte vraiment un engouement. Parfois, après nos démarches, on apprend qu’au final, on n’était peut-être pas assez attractif pour l’artiste. Et c’est un autre des objectifs qu’on a pour les prochaines années. On est attractif pour les festivaliers, mais on aimerait l’être de plus en plus pour les artistes! Parce que mis à part le prix qu’on leur offre, ils regardent l’événement en soi.”
Le secret de la longévité d’un festival
Près de 10 ans depuis la création du Festival Country Lotbinière, l’événement ne cesse de se surpasser. Chaque édition emmène de la nouveauté et du succès. Mais au fond des choses, quel est LE SECRET de la longévité du festival ? Guillaume tient d’abord à mentionner l’importance budgétaire. “Tous les trois, on a un background de finances/assurances et on est très proches des chiffres. On l’a géré comme si on était dans nos domaines respectifs et ça nous a toujours aidé. Ensuite, je dirais aussi qu’il est important d’y aller étape par étape et de suivre ce que les festivaliers nous demandent. Au début, les artistes qu’on “bookait”, ce n’était pas mes préférés!” Il re-mentionne l’importance de l’écoute des festivaliers : “Le meilleur exemple est que pendant la pandémie, on a décidé de tout reporter. Les gens qui n’avaient pas leurs passeports vaccins pouvaient simplement demander un remboursement. On n’a obligé personne. Tous ceux qui ont gardé leurs billets, pendant presqu’un an et demi, on leur a donné des jetons de consommations sur place! Finalement, on fidélise notre clientèle.”
En conclusion, organiser un festival d’envergure tel que le Festival Country Lotbinière, c’est loin d’être une tâche facile. “C’est une grosse game d’échecs, finalement. C’est le fun à la minute où on reçoit le courriel, qu’on a la confirmation qu’on a un artiste. Mais tout le cheminement est assez ardu!” Cette année, avec les têtes d’affiches annoncées, l’engouement pour le festival se fait sentir. Les billets se vendent à vue d’œil.
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