En août 2023, le journal Métro met abruptement fin à ses activités et déclare faillite un mois plus tard. L’événement force le licenciement des 70 employés qui y travaillent dont la moitié de ce nombre était de l’équipe de rédaction. Ce mercredi, en version numérique, le journal a été relancé alors que son nouveau propriétaire, Pierre-Antoine Fradet, parle d’un “virage nécessaire” en conférence de presse.
L’utilisation de l’intelligence artificielle dans la rédaction des textes est au cœur des questions soulevées par les médias et le grand public. Ce qu’on en retient surtout pour le milieu artistique? Ce retour est un vent de fraîcheur et une nouvelle voix pour couvrir le talent des artistes montréalais. Le Carnet s’est entretenu avec le rédacteur en chef, Olivier Robichaud, ce jeudi.
“Je suis arrivé sur le tard dans le processus, je ne suis là que depuis quelques semaines. En août 2023, quand la faillite est arrivée, je n’étais plus chez Métro, mais je trouvais dommage de perdre un pilier de l’information locale et je n’étais pas le seul à le penser”, mentionne-t-il. Olivier Robichaud a notamment occupé le poste de directeur de l’information du journal, de 2019 à 2022. Spécialisé en politique municipale et en justice, il est aussi expert du journalisme numérique. Il a d’ailleurs, de 2023 à 2025, agit à titre de consultant pour la transition numérique de divers médias locaux.
De premières démarches de relance
Quelques mois après la faillite du journal, l’homme d’affaires Pierre-Antoine Fradet cogne à la porte du syndic afin de trouver des avenues pour racheter la marque et la propriété intellectuelle du journal Métro. “Pendant ce temps, j’avais développé un service de consultation en transition numérique et Pierre-Antoine y a vu un bon “fit” pour le retour du journal”, ajoute Olivier Robichaud. Le journaliste alimente régulièrement son infolettre “Le gars qui parle des médias” traitant de divers sujets dont la transformation du milieu médiatique.
Un nouveau modèle voit le jour avec pour mission de couvrir la culture et la vie urbaine montréalaise. Et cette fois, l’intelligence artificielle jouera un rôle majeur dans la rédaction des articles afin d’intensifier la présence du média sur les réseaux sociaux. Est-ce que cette transformation est la preuve que le modèle journalistique traditionnel ne tient plus la route? “Le modèle n’est pas à revoir pour tout le monde. Sur mon blogue, je parle beaucoup d’intelligence artificielle, mais il faut comprendre que c’est spécifique à chaque média. Ce n’est pas parce que c’est la formule qu’on a choisie pour Métro que c’est la bonne pour tous les médias”, mentionne le rédacteur en chef.
Dans ce contexte, le rôle du journaliste sera davantage de valider l’exactitude de l’information des textes produits par l’IA, tout en bénéficiant d’une liberté de création en matière de contenu original. Ainsi, le professionnel aura également plus de temps pour assister à des conférences de presse et creuser certains dossiers plus en profondeur. Cela dit, l’IA n’est pas infaillible et peut représenter un risque pour la qualité de l’information publiée. “On travaille très fort sur notre logiciel IA. À partir de ce que me fournit ce logiciel, je l’adapte pour correspondre aux standards d’un texte journalistique”, dit-il.
L’information locale est la clé
Le milieu culturel, sur les réseaux sociaux, semble applaudir le retour du journal bien ancré dans le cœur des Montréalais. “Plusieurs personnes qui œuvrent dans le milieu artistique m’ont écrit pour me féliciter. Et aussi pour m’inviter à couvrir leurs événements!”, lance Robichaud en riant, visiblement emballé par ce nouveau défi. Pour lui, l’information locale sera toujours la clé de la vitalité d’une ville. “Notre mission est importante pour les collectivités où l’on œuvre. Il nous faut de l’information locale indépendante.”
Pour découvrir cette nouvelle version du journal Métro, cliquez ici.