Steve Marin : Travailleur autonome

Face à Face (Partie 2)
Crédit photo : Steven Grondin

Ce texte est la deuxième partie du face à face avec l’auteur-compositeur-interprète Steve Marin. Vous pouvez retrouver la première partie en cliquant ici.

Mener sa barque

Lors d’une récente entrevue avec Fred Dionne, ce dernier me racontait qu’il avait choisi d’être entrepreneur et mentionnait que ça ne le dérangeait pas tant que ça de ne pas être considéré comme l’un des artistes d’une grande boîte ou de profiter d’une grande équipe pour enrichir son rayonnement public. Cette opinion semble être plutôt partagée par Steve Marin. “Je croise de plus en plus d’artistes qui font le choix de gérer leurs affaires et de mener leur barque. Et c’est tout à fait normal. L’industrie s’est métamorphosée et des organismes comme la SODEC et Musicaction ont ouvert des possibilités pour eux. Je suis entrepreneur et, un jour dans ma vie, je me suis rendu compte que le fait de travailler pour un patron était beaucoup moins payant que de partir à mon compte”, ajoute-t-il.

Quel truc ou conseil aimerait-il offrir à un artiste? “Être entrepreneur, c’est posséder cette capacité et se tenir devant une insécurité. Je pense que ça fait partie de ton ADN. Je te dirais surtout de rester naïf et de trouver les éléments qui te motivent et de sortir “de ta tête” en évitant de tout contrôler. J’ai constaté que les gens que l’on pense les plus organisés sont souvent les plus désorganisés! (rires) Apprends à te fixer tes objectifs, mais surtout à développer ton intuition. Bref, tout ce qui ne s’explique pas!”, dit Steve Marin. “Il faut un certain courage de penser que ça ne va peut-être pas réussir, mais aussi le courage de penser que ça va réussir!”

Regarder en arrière

Le premier album de Steve Marin, Passager du temps, a vu le jour en 2006 sous l’étiquette Tacca Musique. En 2009, l’album Mélodica était dévoilé sous l’étiquette d’un géant, Musicor. Quand il porte un regard sur le passé, considérant ses expériences au sein d’une maison de disques, aurait-il fait les choses autrement… ou simplement par lui-même? “C’est sûr que je n’aurais pas fait les choses par moi-même! Ce qui m’a motivé à l’époque était justement d’avoir un producteur qui venait me voir en spectacle et qui me disait “viens t’asseoir avec nous, on veut te signer”. Au début, je voulais être un artiste professionnel, être signé et avoir mon album. Le monde me parlait du palmarès et je ne savais même pas c’était quoi! (rires)”, raconte-t-il.

Steve Marin s’est surtout lancé dans la musique à l’école secondaire où il faisait des spectacles en duo avec un ami. Les deux comparses se sont bâti un dossier d’artistes professionnels et ont pu obtenir quelques articles dans les journaux locaux. “Ça m’a permis d’avoir des bourses du CALQ et de me faire remarquer. J’ai gagné quelques concours, mais je sais que je n’étais pas prêt à me lancer, à cette époque”, ajoute Marin. Après le Festival international de la chanson de Granby, il prend une pause. À ce moment, père d’un jeune garçon, il retourne vivre à Québec où il travaille comme conseiller en orientation, en plus de faire de la musique comme il peut. Ce qu’il qualifie de “grande période de déprime” lui a permis d’écrire ce qu’est devenu son premier disque en carrière. Quelques mois plus tard, il revenait à Montréal et signait avec une maison de disques, Tacca Musique. “Je suis retourné faire des spectacles au Verre Bouteille et là, ça s’est passé”.

Sois bon quand c’est le temps, comme le disait René Angélil. “Au début, rien n’était organisé, je ne planifiais pas grand-chose. Mais dans une carrière, il faut que tu sois bon, structuré et impliqué plusieurs fois pour que ton parcours continue et que la lumière reste sur toi”, mentionne Steve Marin. L’auteur-compositeur me mentionne avoir connu plusieurs coups d’épée dans l’eau, alors que certains aspects de sa promotion et de son rayonnement étaient négligés. “Depuis ça, je respecte le temps que prend un projet et le travail que ça nécessite pour bien faire les choses”.

Écrire pour d’autres

La méthode d’écriture varie d’un artiste à un autre. Comment cela se traduit-il chez lui?C’est un peu ésotérique. Premièrement, il y a une époque dans laquelle l’artiste s’inscrit. C’est primordial de le comprendre pour être en mesure de se mettre à sa place. Deuxièmement, j’aime les choses vivantes et quand je sens qu’un artiste peut faire naturellement du bien aux gens, ça me parle. Ça vient me chercher comme être humain et, pour moi, aimer l’artiste pour l’humain qu’il est, c’est essentiel. Après ça, c’est une chimie naturelle qui doit se faire quand tu rencontres quelqu’un”, dit-il.

Certains artistes connus font ce que l’on appelle “des commandes” à des auteurs-compositeurs. Certains vont même jusqu’à demander la même chanson à plusieurs auteurs-compositeurs pour choisir la version qui lui plaît le plus. C’est cruel, me direz-vous. De passer des semaines à composer des chansons pour faire des “pitchs”, je ne fais pas ça. J’ai compris, un jour, que lorsque je suis complètement impliqué dans un projet en ayant un objectif en tête et une direction clairement définie, c’est là où les résultats étaient les plus satisfaisants. Je dois connaître l’humain derrière son projet, mentionne Steve Marin.

Appelez mon agent!

Steve Marin cumule une tonne de “hits” en radio, que ce soit pour 2Frères ou de nombreux autres projets sur lesquels nous l’avons vu collaborer. Cela dit, l’auteur-compositeur-interprète n’a pas de gérant ni d’éditeur. C’est plutôt surprenant. “À chaque fois où j’ai tenté d’avoir des gens en gérance ou en édition autour de moi, ça n’a pas vraiment fonctionné. On dirait que je suis rendu à l’étape d’accepter que ce n’est pas comme ça que ça va se passer pour moi”, mentionne-t-il. “Je travaille main dans la main avec des gérants et des éditeurs, mais je suis d’avis qu’il y a plein de possibilités de travailler avec eux sans nécessairement être liés.” Néanmoins, le rôle du gérant est tout de même majeur dans la carrière d’un artiste puisqu’il doit voir à de nombreux aspects de la carrière de son projet. “Le gérant est extrêmement important dans le développement d’un artiste, il est partout et s’occupe de tout. De mon côté, en direction artistique ou en écriture, je ne vois pas en ce moment la valeur ajoutée d’avoir un gérant”, dit-il, tout en ne fermant pas la porte à d’autres possibilités futures. Qui sait ce que l’avenir réserve!

Des projets plein la tête

Ce ne sont pas les projets, les rencontres et les visites en studio qui manquent à l’agenda de Steve Marin. Ce dernier est excessivement occupé à titre de directeur musical d’un nouveau projet, une évolution du groupe Steven & Steeven qui sera présentée dès l’automne, tout en continuant à écrire pour d’autres artistes et projets télévisés, mais il planche également sur un projet de comédie musicale qui connaîtra un rayonnement mondial. L’auteur-compositeur est particulièrement fier de son début d’année. “Je veux aimer travailler avec les gens avec qui je collabore. Des gens talentueux et travaillants, c’est le bonheur!

Va-t-il revenir sur disque? “Peut-être pas nécessairement sur disque, mais certainement sur musique”, dit-il. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite pour cette nouvelle année qui débute : du bonheur et beaucoup de musique.

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