Billy Tellier : Chercher le trouble et ne pas le trouver

Une critique de Gabryel Arcand
Crédit photo: Groupe Entourage

Hier soir avait lieu la première médiatique, à Québec, du 3ᵉ one-man-show du sympathique et bon garçon Billy Tellier. En choisissant Kicker la ruche comme titre de spectacle, l’humoriste s’approprie l’expression de l’effet papillon, mais y rajoute un aspect craintif : faire de mauvais choix et ensuite devoir résoudre un paquet de problèmes.

Derrière lui, un éclairage formé de LED placés de sorte à rappeler la forme des alvéoles : simple, utile et très bien réussi ! Le décor sert bien Billy, lui permettant de butiner d’un sujet à l’autre, de ramener l’attention sur lui au bon moment et d’accentuer certains punchs.

Parlant de sujet, il explore le thème des choix autour de la Sainte prière du stand-up québécois (Au nom du Père, du Chum et du Fils…) et s’approche dangereusement du « c’était meilleur avant » et « les jeunes de nos jours ». La recette fonctionne encore bien, mais je me serais attendu à plus d’audace et d’exploration venant du récipiendaire du Numéro de l’année lors du plus récent Gala Les Olivier.

Kicker la ruche est rythmé et bien ficelé ; j’ai trouvé que Tellier manie bien l’art de semer une information clé pour mieux la « puncher » ensuite. Que ce soit dans un contexte d’anecdotes ou d’imitation, le nouveau vétéran de l’humour prend plaisir à l’exagération et son jeu résulte en des pépites de fou rire. Alors qu’il discute du modèle de parentalité que sa blonde et lui préconisent pour éduquer leurs deux garçons, « Édouard et l’autre », Billy fabule et joue son plus vieux saoul et sur la mélatonine. Ce moment m’a décroché un bon rire très sincère.

L’artiste se présente comme le père comique et peu persuasif qui utilise ce que je qualifierais d’éducation par la légende urbaine (du genre « Arrête de gruger tes ongles, tu vas finir par manger tes doigts… »). Heureusement, il peut compter sur sa blonde très informée et adepte de la parentalité positive pour assurer la survie de la colonie Tellier.

Partant de son propre rôle de parent, Billy Tellierse lance ensuite dans un éloge à sa mère monoparentale et « badass ». Une femme colorée, tendre, énergique, mais surtout droite et autoritaire ; un mot suffit, peu importe le contexte (« Heille »), pour qu’elle se fasse comprendre. Il ne reste plus qu’à capter le ton pour savoir si on est dans le pétrin ou non ! Les anecdotes familières s’enchaînent, mais le caractère original de la matriarche ressort (le genre de femme qui va à Las Vegas avec son fils, et pas pour aller voir Céline) et fait de ce segment le meilleur moment du spectacle.

La fin du spectacle, très rythmée et très bien illustrée, dépeint la routine matinale de ses enfants… Un calvaire de choix banals qui, finalement, a un impact assez considérable sur la tournure de sa journée. Gruau, céréales ou toast ? Nutella ou beurre de peanuts ? Méfiez-vous, le choix de votre petit déjeuner peut résulter en… un accident de la route, ou presque !

En lisant le titre, on pourrait s’attendre à un spectacle d’humour cinglant, franc et direct, quelque chose qui gratterait le bobo et tirerait sur le « band-aid ». À mon humble avis, Billy nous attendait plutôt avec une compresse d’eau froide, de la calamine et des antihistaminiques. Un spectacle agréable, qui reste dans les référents communs et qui permet de rire sans se casser la tête.

/ Pour les dates de spectacle, cliquez ici.

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