Dans une récente entrevue accordée sur les ondes de France Musique, l’animateur Jean-Baptiste Urbain décrivait le rôle du superviseur musical comme l’un des métiers à l’ombre du grand écran. Ce dernier recevait Mathieu Chabaud, directeur juridique et administratif chez Peermusic France.
Mathieu Chabaud se concentre aujourd’hui davantage sur l’aspect « édition », c’est-à-dire en étant cessionnaire des droits de paroliers et de compositeurs sur des œuvres préexistantes. Son équipe et lui travaillent ainsi à « placer » des œuvres musicales sur des films, des annonces publicitaires ou tout autre projet audiovisuel, sous différents formats.
Quel est le rôle du superviseur musical?
Ce métier fait le lien entre l’industrie de l’image et celle de la musique. Essentiellement, il est l’allié du producteur audiovisuel puisqu’il a la responsabilité de tous les aspects musicaux de sa production. C’est un métier qui est transversal puisqu’il chevauche des notions de droits, dans l’univers juridique du droit d’auteur, en plus de provoquer des négociations entre les parties. De plus, il est là pour conseiller le producteur sur la manière dont on va transporter une émotion ou transformer des mots grâce à l’ajout de la musique. Il s’interrogera à savoir comment la musique que l’on colle à une production peut lui apporter une valeur ajoutée en soutenant les images. Ainsi, l’aspect artistique est aussi très fort, en parallèle du juridique. Par la suite vient la gestion de budgets, la location de studios ou l’embauche de musiciens, s’il y a lieu.
Mettre de la musique sur l’image
Ce qu’espèrent le superviseur musical et le réalisateur est notamment que le public ressente que la musique proposée dans un film, par exemple, s’harmonise à la perfection avec les images. De ce fait, lors de l’élaboration du projet, on se pose la question à savoir si nous utiliserons de la musique préexistante ou demanderons à un ou des artistes de créer de la musique originale. Deux éléments permettent de trancher : le budget disponible, dans la mesure où créer de la musique originale engendre des frais parfois importants, et la vision artistique du réalisateur. Comme le mentionne Mathieu Chabaud, si le réalisateur décide d’opter pour de la musique préexistante, le superviseur musical aura le rôle de lui proposer des œuvres musicales. Finalement, lorsque les choix seront faits, le superviseur devra négocier la libération des droits auprès des ayants droits.
Est-ce qu’on peut se faire refuser les droits?
« Complètement », ajoute Mathieu Chabaud au micro de Jean-Baptiste Urbain. Il peut arriver que l’on ne puisse travailler avec une œuvre étant donné que les ayants droits ont refusé qu’elle soit utilisée. C’est la raison pour laquelle le superviseur musical négociera plusieurs droits sur une pluralité d’œuvres en même temps.
Le professionnel ajoute que les racines du rôle du superviseur musical sont d’abord nord-américaines (on y parle surtout de « négociation » de droits) et que les deux univers, la production visuelle et le milieu musical, ne se comprennent pas toujours. Le superviseur se doit donc de se positionner entre ces deux univers pour arriver à traduire au mieux la vision « émotive » du réalisateur à d’autres professionnels.
Pour écouter l’entrevue sur les ondes de France Musique, c’est par ici.
