La réalité d’un artiste émergent

Face à face avec Hugo Bolduc

Un entretien avec Ariane Beauchemin

J’ai eu la chance de m’entretenir avec l’auteur-compositeur-interprète Hugo Bolduc. Évoluant dans le domaine musical depuis quelques années, notre entretien visait la découverte de l’artiste qu’il est et de son nouvel accomplissement : son premier vidéoclip. La discussion a tranquillement pris une tournure plus personnelle : la réalité d’un artiste, d’un chanteur émergent, dans laquelle je crois, beaucoup pourront s’y reconnaître.

En débutant par son histoire, j’ai voulu l’entendre, sur sa vie, son parcours. Hugo a grandi dans un environnement familial où les études prenaient une place assez importante, sans pour autant enlever la place de la musique. “La musique a toujours été présente chez moi. Mes plus vieux souvenirs de party de famille, c’étaient des grandes célébrations : beaucoup de monde et de la musique très présente! Mes tantes et ma mère se rassemblaient toutes autour du piano et je me souviens de la première fois que j’ai entendu toutes leurs voix en harmonie. Je trouvais ça tellement beau! Donc très tôt, dans nos party de famille, on me demandait d’aller chanter. J’ai eu très jeune cette envie-là, d’être sur scène, de chanter.” Il raconte ensuite l’influence de son frère sur son intérêt pour la musique : “Au secondaire, mon frère avait un groupe de musique. Donc à travers ça, je me suis mis moi aussi à la musique. Mon premier instrument, c’était le drum, et après, je me suis mis à la guitare!” 

Hugo a donc grandi dans cet univers, tout en suivant son esprit rationnel : il poursuit ses études en quête de stabilité, mais aussi parce que se retrouver avec une carrière où rien n’est prévu d’avance, où rien n’est certain, comme la musique, peut s’avérer épeurant. “Pendant des années, la raison l’emportait sur moi. Au début de la trentaine, j’ai décidé d’arrêter de remettre ça au lendemain et de concrétiser. J’ai voulu laisser parler mon coeur. À un moment donné, le plus tard, c’est aujourd’hui, parce que sinon, tu le feras jamais.” C’est à compter de ce moment-là qu’il commence à travailler plus sérieusement sur sa musique, ses mélodies, ses paroles. Il publie quelques covers, puis tranquillement, ses propres titres, pour en arriver à dévoiler son EP “Sonder le sens”, en avril 2023. Ses accomplissements lui permettent de rencontrer les gens du milieu. Il me parle d’ailleurs de sa récente signature : “J’ai signé dernièrement un contrat en édition avec Immersion Studio. Je trouve ça très flatteur, c’est super encourageant de voir qu’il y a une équipe déjà établie, avec une certaine renommée, qui s’intéresse à ce que je fais. Je suis content que Michaël Grégoire ait voulu m’encourager. Pour moi, ça peut juste faire en sorte que mon projet grandisse.” J’écoute ses paroles et je me dis combien il est important, peu importe le milieu dans lequel on se retrouve, de ressentir la reconnaissance en ce qu’on fait. Qu’on soit médecin, caissier, journaliste ou musicien, si personne ne répond à ce qu’on présente, est-ce qu’on réussit vraiment à persévérer et à aller au bout de nos projets? 

Dans un milieu où il n’y a pas de façon de faire, ou plutôt, un milieu où toutes les façons de faire peuvent être bonnes ou mauvaises, trouver reconnaissance et succès est encore plus ardu et c’est ce que me répond Hugo : “Je trouve que c’est ce qui est le plus dur pour un artiste émergent. On ne sait pas où aller. Moi, ça fait des années que j’ai ces chansons-là et à un certain moment, on navigue dans le noir. On sait pas trop quoi faire, à qui s’adresser… Pour que tes chansons soient entendues, il n’y a pas de manuel d’emploi. C’est vraiment d’essayer de pousser ton projet toi-même, de manière autonome, en espérant que quelqu’un de l’industrie écoute ce que tu fais et y démontre de l’intérêt. Au début, moi, c’est ce que j’ai trouvé le plus dur, en tant qu’artiste émergent et avant même de l’être, d’avoir les infos qui te permettent de te faire découvrir. Il y a les réseaux sociaux, mais je suis quelqu’un qui n’est pas super à l’aise. C’est quasiment épeurant de se dire “Je fais une vidéo? Je la mets sur internet?”. Je suis encore au début, c’est certain, mais c’est un travail à long terme de toujours pousser ton projet, de faire en sorte que de plus en plus de personnes l’écoutent.”

Avec les réseaux sociaux et la musique plus accessible que jamais, se démarquer pour un artiste est effectivement devenu un jeu, un jeu de stratégies pour lequel aucun règlement n’est écrit à l’avance. “Pour te démarquer, pour essayer d’émerger à travers de toutes ces propositions-là, il faut être pertinent, il faut avoir quelque chose d’intéressant à dire, il faut que ce soit accrocheur… Et par-dessus tout ça, si tu n’as pas la bonne stratégie pour sortir et faire découvrir ta musique, c’est un peu comme pédaler dans le vide.”

En novembre dernier, Hugo Bolduc a mis en ligne son premier clip en carrière, celui de son titre “Égaré”. Pour un chanteur, ça doit être un énorme “step”, une belle étape de franchie? “C’est certain que ça m’apporte une grande fierté, parce qu’aujourd’hui, avoir un support visuel, c’est super important en tant qu’artiste. Même un peu malgré moi, je suis plus quelqu’un qui préfère être dans l’ombre. Mais c’est important que les gens puissent associer ton image à ton produit. On se demande toujours quelles vont être les réactions! Mais je suis tellement content. Les gens ont de belles réactions et je suis fier de ça!” Le choix “d’Égaré” comme chanson du clip n’est pas anodin. Elle représente un peu tout ce que Hugo nous partage sur la réalité d’un artiste émergent. “Pendant longtemps, je me suis demandé à quoi je servais, c’était quoi mon objectif de vie. C’est un peu ça, ma chanson “Égaré”. Mélodiquement, c’est une des chansons dont je suis le plus fier d’avoir composé. C’est aussi un attachement émotif et affectif aux paroles. C’est une des chansons à laquelle je peux me rattacher, parce que je peux me rappeler dans quel état d’âme j’étais. Je me souviens quand j’étudiais et que je me disais : “Est-ce que je suis vraiment entrain d’étudier pour quelque chose qu’au bout du compte, à l’intérieur de moi, je ressens pas?” Je ressentais beaucoup plus l’appel de la musique! Mais la vie fait en sorte que j’ai des factures à payer, il faut que j’aie un travail qui va m’apporter une sécurité financière. Le côté rationnel l’a toujours emporté. C’est pour ça qu’Égaré me rappelle autant ces années-là où je me cherchais. Vois-tu, depuis que j’accomplis mon projet de musique, je me sens de moins en moins comme ça, je me rapproche de mon X.”

Le côté rationnel, le côté émotionnel, lequel devons-nous écouter au final? Hugo Bolduc vient prouver que la voix du cœur finit toujours par remporter. Il continue de travailler sur des prochains projets, tout en continuant de suivre son coeur dans ses prochaines compositions : “Je me dirige vers quelque chose qui va plus rejoindre mes racines “rock”, mais quelque chose aussi de plus littéral, de plus spontané, sans être trop dans la réflection. Sans “garrocher” non plus, je veux quand même avoir des textes qui fonctionnent pour moi, parce que s’ils ne me rejoignent pas, ils ne rejoindront pas les autres!” Il souhaite également continuer de faire vivre son mini-album pour l’année qui s’en vient! 

Son clip “Égaré” se trouve juste ici :

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