Toujours à l’écoute, ici et ailleurs

Frédérique Bignet, programmatrice musicale en France

Elle fait (selon elle) le plus beau métier du monde! Frédérique Bignet est programmatrice musicale sur la chaîne FIP, une division de Radio France, en Europe. Nous avons eu le plaisir d’échanger avec elle sur sa profession et sur la réalité du milieu radiophonique français. 

Le but de notre métier est de pouvoir raconter une histoire à nos auditeurs, tous les jours”, lance Frédérique Bignet qui est d’ailleurs la seule femme des huit programmateurs de l’équipe officielle. “Nous avons la chance de faire voyager et vibrer nos auditeurs, au son de toutes les musiques du monde que nous pouvons avoir sur cette planète. Ça passe par la soul, le rap, la musique classique, la pop, etc. Notre but est de pouvoir rapporter cet éclectisme que l’on puisse avoir dans la musique”, dit-elle. Et de l’éclectisme sur les ondes de FIP, il y en a! Radio France est un immense groupe, une entreprise nationale, sur laquelle sont répartis France Inter, France Musique, France Culture, France Info, MOUV, FIP, ICI (anciennement France Bleu), l’Orchestre philharmonique de Radio France pour des représentations de concerts et La Maîtrise de Radio France qui a pour mission d’illustrer et de défendre le répertoire choral français.

Au Québec ou en France, le même rôle

Sa réalité n’est pas particulièrement différente du métier de programmateur musical au Québec : ces professionnels ont la responsabilité de garder leurs antennes ouvertes afin de capter les nouveautés musicales qui peuvent plaire à leurs divers publics. “On rencontre aussi des attachés de presse qui nous apportent de nouveaux albums pour découvrir et redécouvrir certains artistes, sans compter les écoutes que l’on fait tous les jours, et d’aller dans les festivals et les concerts”’ dit-elle. “Je reçois une foule de courriels toute la semaine!

Radio France fête ses 50 ans cette année et étend ses activités jusqu’à la scène : L’hyper week-end Festival est devenu un incontournable culturel, en janvier, pour y faire le plein de découvertes musicales en présentant des artistes dans l’émergence en provenance des quatre coins du globe. De son côté, la chaîne France Inter est la radio d’actualités générales et culturelles la plus écoutée en France. Et petit clin d’œil à MOUV, une chaîne résolument tournée vers les jeunes qui se démarquent sur les réseaux sociaux avec plus de 440 000 abonnés sur Instagram et 853 000 sur Facebook. Frédérique Bignet ne tarit pas d’éloges envers sa chaîne coup de cœur : FIP. “Notre chaîne est appréciée du monde entier! Nous sommes la seule chaîne de radio sans publicité”, souligne-t-elle. “Plusieurs personnes pensent que ce sont des machines qui programment les extraits alors que c’est nous! On a cette chance de pouvoir créer nos programmes avec nos coups de cœur, nos nouveautés et en y ajoutant notre personnalité.

Le plus important : être à l’écoute

La programmatrice se dit Québécoise de cœur, elle qui a étudié à Longueuil à l’école secondaire (le lycée, pour les Français qui nous lisent!) et qui y revient au moins une fois chaque année. “Chez nous, on a ce côté un peu “brut”, mais j’ai ma famille de cœur au Québec et j’ai plein d’amis qui y sont déménagés”, dit-elle. Au boulot, elle décrit la principale caractéristique d’un programmateur musical comme étant la curiosité et l’amour de la découverte. “On garde à l’esprit de se cultiver. On a cette chance de faire le plus beau métier du monde. Donc, on peut assister à des festivals, se documenter chaque jour et écouter tout ce qui se fait, autant que possible. Le côté humain, pour moi, est très important. Plus tu rencontres des gens, plus tu obtiens des nouveautés et tu gardes un oeil sur tout ce qui se passe”’ ajoute la professionnelle. Elle raconte notamment un récent coup de cœur qu’elle a eu pour Jeff Mailfert, un auteur-compositeur-interprète français œuvrant dans la pop-folk qu’elle adore suivre. “Je l’ai connu grâce à un reportage à la télévision et je me suis dit que je le voulais à l’antenne”, mentionne-t-elle. Et le plus surprenant : elle écoute assidûment la radio québécoise pour y dégoter du nouveau contenu musical. “C’est ce qui s’est passé avec Mon Doux Saigneur : je les ai entendus sur les ondes de WKND à Québec et j’ai adoré! Presque à tous les jours, j’écoute Catherine Pogonat sur ICI Musique. J’aime découvrir de nouveaux talents et les amener ici!

Deux solitudes

Les ventes de disques et les écoutes en streaming au Québec et en France n’ont rien à voir. Faites-en l’essai : les artistes qui explosent actuellement sur le vieux continent sont peu – voire pas du tout – connus ici, au Québec. Étrange phénomène? “En France, je pense que les gens sont de plus en plus ouverts à la nouveauté. Au Canada, ils sont peut-être davantage tournés vers les États-Unis. Pour ma part, j’ai l’impression que l’on doit se mettre en scène et oser explorer de nouveaux marchés”, dit-elle. La culture de la scène en Europe est toute aussi vivante et ouvre peu à peu ses portes aux artistes québécois. “Ici, les salles de spectacles sont pleines à craquer! Je pense à Klô Pelgag qui a fait salle comble au Café de la danse en quelques heures!”, se souvient Frédérique Bignet. “Je crois que les choses sont en train de changer et que les deux univers tendent à se rapprocher. Je ressens que le public, au Canada et en France, est de plus en plus curieux”, ajoute-t-elle. Pour la programmatrice, il faut oser et ce sont ces efforts qui finissent par venir aux oreilles des directeurs musicaux. “Je pense à l’artiste Jaco qui ose des trucs qu’on n’osera peut-être moins en France. Je pense qu’on se complémente et qu’on a besoin des uns et des autres. On a besoin de donner des coups de pouce! J’ai souvent entendu que les Québécois n’avaient pas besoin de coups de pouce parce qu’ils sont tout près des États-Unis. Mais ça n’a rien à voir!”, conclut-elle. “Quand je découvre un artiste que j’aime, je fais ce que je peux pour le glisser dans une playlist ou lui donner de la lumière. Je pense à l’artiste montréalaise Laraw : il faut l’amener ici en concert!” Le message est donc lancé.

Se rapprocher

Pour Frédérique Bignet, il n’existe pas de recette miracle : il faut développer son réseau, faire connaître son travail et ses artistes. “Tu connais quelqu’un, qui connaît quelqu’un, qui va encore connaître quelqu’un. Ton réseau va s’agrandir et, plus il va grandir, plus tu devras faire des choix. Parce qu’ici, le monde est vaste! La musique prend énormément de place et c’est tant mieux. Il y a toujours des concerts et les trajectoires pour chaque artiste peuvent être tellement diversifiées”, souligne-t-elle. Cette dernière mentionne la chance qu’elle a de pouvoir choisir sur FIP les artistes qu’elle souhaite diffuser. “Ça me pousse à me plonger dans des univers et créer des rendez-vous thématiques que nos auditeurs adorent.

Les radios, ici et là-bas

Vous avez l’impression que le marché de la France est vaste? Vous avez raison! Le pays regroupe 900 stations de radio. La France fonctionne avec un logiciel qui envoie les nouveautés des artistes aux radios, l’équivalent d’un 45tours.ca que l’on connaît ici. Mais prenez gare : l’univers culturel est immense! “Je pense que ça revient un peu au même discours que je te tiens ici. Tu vas développer ton réseau, tu vas rencontrer des radios et développer le marché. Si tu as la possibilité de venir en France et de présenter les artistes, les nouveautés, c’est enrichissant”, dit-elle. “Il faut venir en France! Les courriels c’est bien, mais rien ne vaut des rencontres en personne”, mentionnant qu’elle planifie actuellement son retour estival au Québec pour le festival Petite-Vallée. Ariane Moffatt et Gustafson, des artistes qu’elle adore, seront sur scène.

Ses coups de coeur récents

Au Québec : La Sécurité, Ariane Moffatt, Lou-Adriane Cassidy, P’tit Belliveau, Super Plage

En France : Albin de la Simone, Polo & Pan, Françoize Breut, Laurent Bardenne, Clara Ysé

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